Le Loup peint by Jacques Saussey

Le Loup peint by Jacques Saussey

Auteur:Jacques Saussey [Saussey, Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Tags: abd
Éditeur: Editions Toucan
Publié: 2016-01-05T23:00:00+00:00


45

Le lieutenant Dardenne considérait avec amertume le corps endormi du vétérinaire, dont seul le visage couturé de frais émergeait des draps blancs.

– Mais qu’est-ce que vous lui avez injecté, nom de Dieu ?

– Ce qu’il fallait pour ce qu’il se calme. Vous avez une objection à faire ?

Le flic toisa le profil indifférent de l’infirmier penché sur son téléphone qui lui avait répondu sans même lever les yeux vers lui. Assis dans un coin de la chambre, le blondinet boutonneux avait l’air de vouloir écrire un roman en maltraitant les touches de son portable comme un forcené.

– Ouais, et une grosse, mon petit gars. Il faut que j’interroge ce type. Alors vous allez me le réveiller vite fait !

– Impossible.

Dardenne sentit la colère lui grimper le long des nerfs comme un arc électrique.

– Pas d’impossible qui tienne ! J’ai dit fissa, pigé ?

L’infirmier mit sur pause, releva le menton et arbora un sourire sarcastique.

– Et moi je vous ai dit impossible. Vous pouvez même le brancher sur le 220, il n’ouvrira pas l’œil d’ici demain. Je vous prierai de bien vouloir quitter cette chambre, ou je vais devoir appeler la sécurité. Ça tombe bien, ils sont plutôt chauds, aujourd’hui.

Le policier sortit sa carte d’un geste furibard et le planta sous le nez de l’aide-soignant.

– Arrête de me parler sur ce ton, petit con, ou je vais t’embarquer pour le reste de la nuit, moi !

L’infirmier bondit sur ses pieds en abandonnant son téléphone sur son siège. Une fois déplié, il faisait une bonne tête de plus que Dardenne. Il se planta devant le policier et lui darda un index puissant et mécontent sur la poitrine. Vu d’aussi près, son poing fermé était presque aussi gros qu’un ballon de rugby.

– Je ne peux pas savoir que vous êtes un poulet si vous ne me le dites pas ! Vous ne pouviez pas l’annoncer en arrivant, non ? C’est quoi, votre problème, à vous ?

Dardenne recula malgré lui d’un pas devant l’animosité que dégageait ce géant. Sa carte tricolore n’avait pas eu l’air de l’émouvoir le moins du monde. Mais qu’est-ce que c’était que ce cow-boy, bon sang ?

Le policier allait éclater lorsque la porte s’ouvrit dans son dos. Une voix haut perchée lui coupa le sifflet.

– Lieutenant, puis-je voir votre commission rogatoire, s’il vous plaît ?

Dardenne se retourna d’un bloc, les yeux étincelants de colère. Villamont ! Encore ce merdeux ! Mais ils avaient tous décidé de lui pourrir la vie, cette nuit ? Il se fit violence pour lui sourire du bout des lèvres comme s’il allait lui cracher à la figure.

– Maitre Pernand de Villamont, quelle bonne surprise !

– Ne jouez pas au plus malin avec moi, Lieutenant. Disons que j’ai eu une insomnie, comme vous, et que j’ai la conscience professionnelle chevillée au corps. Mais vous, que faites-vous à cette heure-là dans la chambre de mon client ?

– Il a demandé à me parler il y a moins d’une heure, cher maître. Vous pouvez vérifier au standard du commissariat.



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