Le Loup maléfique by d'Aillon Jean

Auteur:d'Aillon, Jean [d'Aillon, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: policier
Éditeur: Le Grand-Chatelet
Publié: 2014-03-06T23:00:00+00:00

Dans l’après-midi, Aignan, Geoffroi, Thomas, Alaric, Jehan, Adhémar et Sanceline se retrouvèrent dans la grande salle du château. Sanceline et Geoffroi avaient servi du vin et apporté des fruits.

— Nous ferons la battue demain, annonça Guilhem, mais j’en attends peu. Je vous ai ressemblés, car je veux votre sentiment sur cette bête. Vous le savez, rien n’est naturel dans son comportement et trop de choses demeurent inexplicables. On en a déjà parlé, mais je vous rappelle les plus singulières : Pourquoi hurle-t-il la nuit, alors qu’il n’a pas de congénères ? Pourquoi s’en prendre à Stephania alors que les loups n’attaquent les hommes qu’en meute ? Comment l’a-t-il transportée si loin sans laisser de trace ? Pourquoi a-t-il attiré Étienne ? Comment un animal peut-il imaginer un guet-apens ?

— Le loup est le Mal, intervint le templier. Je vous l’ai dit, seigneur d’Ussel, il hait l’espèce humaine. Celui-là doit être un énorme animal à qui les hommes ont infligé des sévices. Il s’en souvient et veut se venger.

— Si c’est un loup ! intervint Aignan, car avec Alaric, nous pensons plutôt à un ours. Seul un ours a pu transporter Stephania si loin.

— Un ours qui hurlerait ? plaisanta le templier.

— Ils sont deux, et ils se sont alliés comme Ysengrin et Brun 7 ! assura Alaric.

— Je crains que ce ne soit ni un loup ni un ours, intervint Geoffroi, mais une créature du démon. Dès lors, inutile d’expliquer son comportement. Qui sait ce que recherche le Fourchu ?

Thomas l’approuva et Sanceline ne dit mot, ne pouvant révéler ses propres craintes devant eux.

— J’ai rencontré bien des manifestations du diable, intervint sombrement Guilhem. Belzébuth n’a pas besoin d’envoyer des créatures maléfiques, il lui suffit d’utiliser les hommes. J’ai été un de ceux-là, alors je le sais.

Ignorant son passé, personne ne commenta les dernières paroles du seigneur, mais aucun ne le crut. Jamais les gens de Lamaguère n’avaient connu homme si bon, si fort et si juste, alors comment aurait-il pu se comporter en féal du Fourchu ?

— Tout indique qu’il s’agit d’un grand loup, suffisamment puissant pour transporter un corps et capable de réfléchir, conclut le templier. Le loup est un animal intelligent et patient, propre à échafauder des plans pour attaquer ses proies. Celui-là est simplement encore plus adroit que les autres.

— Dans ce cas, nous le dénicherons par la battue. Quant à l’ours, je l’élimine. Je m’étonne que tu aies cru à son existence, Alaric, n’as-tu pas examiné les griffures ?

— Je l’ai fait seigneur, répondit Alaric du ton de celui qui craint une réprimande.

— Combien de griffes possèdent le loup ?

— Quatre, seigneur.

— Les griffures de Stephania et d’Étienne montraient effectivement quatre traces. Maintenant, dis-moi, combien de griffes sur la patte d’un ours ?

— Cinq, seigneur, mais souvent il n’en reste que quatre car l’animal en perd facilement une. C’était un ours seigneur, j’en suis certain ! D’ailleurs les griffes de l’ours sont plus longues que celles du loup et les plaies provoquées plus profondes.

Guilhem n’avait pas songé que l’ours ait pu perdre une griffe.

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