Le labyrinthe grec by Manuel Vázquez Montalbán

Le labyrinthe grec by Manuel Vázquez Montalbán

Auteur:Manuel Vázquez Montalbán [Montalbán, Manuel Vázquez]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 1991-01-14T16:00:00+00:00


Le commissaire Contreras réclamait sa présence au commissariat central de la Via Layetana. On avait trouvé un cadavre et le commissaire croyait savoir que Carvalho était sur ses traces quelques jours auparavant.

Et c’était l’exacte vérité.

Il avait d’ailleurs reçu l’ordre de le retrouver, mort ou vif.

Chaque fois que Contreras voulait rappeler aux détectives privés qu’ils étaient de simples « fouille-braguette », il choisissait Carvalho, sans doute parce qu’il le prenait pour le « fouille-braguette » le plus fier et l’arrosait de son mépris le plus massif. Quant à Carvalho, il considérait simplement Contreras comme un policier, un spécialiste de la répression à la solde des premiers bénéficiaires de la répression. Il reconnaissait que ce principe théorique venait de son adolescence anarchiste, de sa jeunesse prémarxiste ou postmarxiste et qu’il était utopique, voire dangereux, de rêver d’un monde sans policiers. Mais chacun a le droit de rester en partie fidèle à sa propre rhétorique et, en outre, ses relations avec Contreras lui avaient permis d’étayer solidement ses principes fondamentaux. Cette nouvelle rencontre ressembla à toutes les autres. Carvalho fit le poireau dans un couloir pendant une heure et demie, essuyant de temps en temps le regard insolent des dogues de Contreras, voire un accès d’humeur qui était une déclaration complète de principes corporatifs peu amicaux. Il fut enfin introduit dans le bureau du commissaire qui leva tout juste la tête pour lui lancer un regard de dédain fatigué. Le commissaire était plongé dans ses papiers et il ne daigna distraire son attention que lorsque Carvalho se fut assis sans sa permission : il le foudroya du regard, sans réussir à l’abattre. Carvalho souriait aimablement, attendant le discours courroucé que lui annonçaient les yeux du policier. Pour faire bonne mesure, il parcourut du regard tout ce qui bougeait ou gisait dans la pièce et soudain la lampe de poche fut isolée, comme si elle imposait sa présence par sa seule volonté de proclamer je suis là, c’est moi ! Tu ne me reconnais pas ? Elle gisait là et il reconnaissait son tube cannelé couvert de peinture noire écaillée, son système dioptrique en argent cristallisé qui attendait l’âme de la lumière ; elle vantait ses hauts faits dans les mains de Carvalho, les services rendus par le passé pour compléter son uniforme de détective privé, et Carvalho essayait de s’en débarrasser, il minimisait ses contributions ou la félicitait d’être devenue une pièce à conviction entre les mains de la police avant de finir probablement entre celles de monsieur le juge. Bref, il tenta de s’en désintéresser pour que Contreras ne se doute pas de ce dialogue.

— Vous connaissiez donc Alekos Farandouris ?

Mais la lampe de poche était toujours là, il observait ses formes et ses stries, et il se rappelait la chaleur de sa lumière dans la main comme s’il la braquait encore dans le labyrinthe qui menait à Alekos Farandouris. Contreras répéta la question et le ton de sa voix montrait qu’il était très renseigné : Carvalho n’avait pas intérêt à faire l’âne ou à prendre un air surpris en entendant le nom d’Alekos Farandouris.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.