Le koala tueur by Cook Kenneth

Le koala tueur by Cook Kenneth

Auteur:Cook, Kenneth [Cook, Kenneth]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Australie, Littérature étrangère
ISBN: 9782848682808
Éditeur: Autrement
Publié: 2009-07-14T22:00:00+00:00


Tours de chameau : cinq dollars

L’un des mythes répandus sur l’Australie, c’est qu’elle n’abrite aucune créature dangereuse, hormis les crocodiles, les serpents et les araignées. C’est faux. Il y a aussi des Aborigènes et des chameaux. Individuellement, ils sont redoutables. Ensemble, ils sont quasi mortels.

Ils ont deux qualités communes : une conscience ineffable de leur supériorité (malheureusement tout à fait fondée) et un mépris total de mon bien-être personnel.

Pour une raison obscure (et que j’ai d’ailleurs depuis longtemps oubliée), j’errais dans le grand désert de sable, au nord-ouest de l’Australie-Occidentale, quand je rencontrai Namitiji. Il campait en bordure de piste avec trois femmes, sept chiens et deux chameaux. Tous les chiens se grattaient, les femmes s’occupaient de leurs affaires et les chameaux affichaient un air hautain.

Namitiji, homme menu d’une trentaine d’années à l’air railleur, à la chevelure abondante et frisée, au visage glabre avec un nez écrasé et une large bouche, attendait à côté de la piste, seulement vêtu d’un pantalon déguenillé, avec une pancarte sur laquelle était inscrit, à la main : « TOUR DE CHAMEAU : CINQ DOLLARS. »

C’était irrésistible. Les Blancs les plus proches habitaient à près de cent cinquante kilomètres, à Port Hedland ; la circulation sur la piste devait approcher un véhicule par mois et cet homme proposait des tours de chameau aux passants.

Il avait repéré de loin la poussière de mon camping-car, planté sa pancarte et il m'attendait.

Je ne pouvais pas ne pas m’arrêter.

Nous étions au mois de septembre, il faisait très chaud, les mouches étaient envahissantes ; je n’avais donc pas l’intention de rester longtemps. Namitiji et moi nous présentâmes. Les femmes, vêtues de robes à fleurs, s’occupaient de leurs affaires, assises en rond autour d’un feu, les chiens continuaient à se gratter et les chameaux à afficher un air hautain.

Après quelques minutes de bavardages, je fis un geste vers les chameaux.

- Vous arrivez à en vivre ?

- Oui, répondit Namitiji avec un sourire facétieux. Oui, j’arrive à en vivre.

- Mais vous devez pas avoir beaucoup de clients ici.

- Suffisamment.

J’en conclus que cinq dollars par mois parvenaient à répondre aux besoins simples et frugaux de nomades primitifs.

- Est-ce que je peux prendre une photo de vos chameaux ? lui demandai-je.

J’avais vaguement l’intention d’écrire un article à propos de cette anecdote un jour ou l’autre. J’aurais aussi voulu photographier Namitiji, ses femmes et ses chiens, mais je savais que beaucoup d’Aborigènes n’aiment pas les appareils photo, car ils croient qu’en capturant leur image, on capture aussi leur âme.

Namitiji ne s’embarrassait pas de telles notions.

- Cinq dollars pour les chameaux et cinq autres pour me prendre avec les filles, s’empressa-t-il de répondre.

Ça me parut raisonnable et je passai plusieurs minutes à photographier les êtres humains avant de m’intéresser aux chameaux.

Optant tout d’abord pour un gros plan de sa tête, je me dirigeai vers l’animal le plus proche.

Il me rota à la face.

Je fus alors confronté, pour la première fois de ma vie, à l’une des choses les plus redoutables en ce bas monde: l'haleine de chameau.



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