Le hussard sur le toit by Giono Jean

Le hussard sur le toit by Giono Jean

Auteur:Giono Jean
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 2013-06-15T00:00:00+00:00


CHAPITRE X

Maintenant, le choléra marchait comme un lion à travers villes et bois. Après quelques jours de répit, les gens de la combe furent de nouveau attaqués par la contagion. On enleva impitoyablement les morts, même un peu avant la vraie mort. Les survivants de chaque famille touchée, ceux qui avaient soigné les malades étaient chassés.

« Où les envoies-tu ? demanda Angelo.

– En bas d'où nous venons : sous les amandiers. »

Angelo y retourna. Il revint écœuré. Il dit que c'était un charnier dans lequel il restait encore quelques vivants réduits à l'état de squelettes qui titubaient sur les cadavres laissés sans sépulture et dans des vols de charognards. Il en parla avec raideur.

Giuseppe répliqua d'abord qu'on n'était pas sous le vent et que ces cadavres-là n'étaient pas dangereux. Mais tout de suite après il se reprit et dit :

« Il te faut partir d'ici.

– Toi aussi », dit Angelo.

Contrairement à ce qu'il attendait, Giuseppe ne fit que peu d'objections.

« Tu comptes trop dans le combat de la liberté, lui dit Angelo. Il faut te sauver. Ta mort ne servirait à rien. Je me suis fait un devoir personnel, comme tu me l'as conseillé. C'est en premier lieu de conserver les troupes intactes avant le combat. »

Il lui donna même des raisons encore plus spécieuses et fort bien tournées.

« Ici, tu as peur, lui dit-il, et cependant je connais ton courage. Quelquefois même je l'ai senti. Il faut donc que ta peur ait des raisons péremptoires, et ces raisons péremptoires c'est que tu as simplement peur d'une mort inutile. »

Il parla longuement sur ce sujet.

« C'est la pure vérité, dit à la fin Giuseppe : voilà exactement ma nature. Mais ces ouvriers que j'ai armés sont habitués à ce que je commande ; ils pourraient maintenant m'y forcer.

– En tout cas, dit Angelo, moi je ne compte guère ; et même ils ne me l'ont pas caché : ils me considèrent comme un corbeau. Sans ta protection, il y a longtemps que tu m'aurais envoyé en bas. Si je disparais, ils n'y feront pas attention, ou ils croiront que je suis allé crever dans quelque coin. Je partirai à l'avance et j'irai acheter des chevaux. Est-ce qu'il existe vraiment ton village de l'autre côté du vallon ?

– Je crois, mais je vais me renseigner.

– Mieux, dit Angelo, je pars le premier. Je te laisse vingt louis pour que tu puisses acheter toi-même le cheval de Lavinia et le tien. Il ne faut pas attirer l'attention et si j'achetais trois chevaux les oiseaux chanteraient mon nom et mon portrait.

– Il faudrait même, dit Giuseppe, un cheval en plus, ainsi nous pourrions porter des provisions.

– Et j'irai vous attendre un peu plus loin.

– Nous partirons trois ou quatre jours après toi, dit Giuseppe, le temps de répondre aux questions qu'on me posera à ton sujet, si on m'en pose et de mettre du riz, des haricots, de la farine et du lard dans un sac. Mais où irons-nous ?

– Rapprochons-nous de l'Italie, dit Angelo.



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