Le géant de pierre by Halter Paul

Auteur:Halter, Paul [Halter, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: policier - enquêtes - mystère
ISBN: 9782702427385
Éditeur: Librairie des Champs-Élysées
Publié: 1998-09-20T07:40:05+00:00

18

OÙ L’ON REPARLE DU NUAGE MORTEL

— C’est en 1932 qu’intervient le plus grand artisan de la résolution du mystère : l’archéologue grec Spyridon Marinatos. Les thèses d’invasions, de pillages, de troubles internes avancées jusqu’ici pour expliquer le déclin brutal de la Crète minoenne, ne le séduisent guère. Il passe et repasse ce problème dans sa tête, alors qu’il effectue des fouilles à Amnisos, un ancien port crétois près de Cnossos. Près de la plage, il découvre les fondations d’une villa. Les grands blocs de pierre qui la constituaient sont très étrangement éparpillés dans toutes les directions. Certains, même, sont brisés en deux parties, qu’il retrouve séparées l’une de l’autre par une distance tout à fait insolite. Que des envahisseurs pillent, tuent, mettent les lieux à sac, c’est entendu, mais qu’ils s’amusent à fendre et à déplacer des blocs de pierre de plusieurs tonnes ? Marinatos songe à cette énigme, quand son regard s’arrête sur un curieux amas de pierre ponce dans une fosse. La pierre ponce, assez légère pour flotter dans l’eau, est d’origine volcanique… que fait-elle donc à cet endroit ? Il n’y a jamais eu d’éruption en Crète !

» C’est alors qu’il songe à l’île de Théra, qui est directement en face de la plage où il se trouve, au nord, à 100 kilomètres de là. Une image commence à se dessiner dans son esprit : la partie supérieure de la construction a été emportée par un formidable raz-de-marée, consécutif à une éruption volcanique…

» Théra était jadis une île ronde de 15 à 20 kilomètres de diamètre, culminant à 1500 mètres. Or, il n’en reste plus qu’un croissant de terre, d’aspect lunaire, et quelques minuscules îlots qui, émergeant de la mer, dessinent encore vaguement le pourtour de l’île. Marinatos jettera un coup d’œil à l’île bizarrement fendue en deux. C’était de toute évidence une éruption qui l’avait réduite à cet état misérable, mais à quelle époque remonte l’événement ?

» Nul ne le sait véritablement. Marinatos réfléchit plusieurs années à l’ensemble du problème et, en 1939, il publie un article assez téméraire, expliquant la destruction de la Crète minoenne par l’éruption survenue à Théra.

» L’hypothèse était à la fois originale et intéressante, mais naturellement, les experts n’étaient pas enclins à l’accepter aussi facilement. Il leur fallait des preuves, et tout d’abord éclaircir deux points précis. Le premier concernait la puissance même de l’explosion : avait-elle été suffisante pour raser la Crète, tout de même assez éloignée ? Le second se rapportait à la chronologie des événements : l’éruption du volcan coïncidait-elle dans le temps avec la fin des Minoens ?

» Pour la première question, Marinatos disposait d’un exemple relativement récent, dont on possédait pas mal de témoignages. En 1883, entre Java et Sumatra, l’archipel de la Sonde avait vu l’explosion de l’île de Krakatoa, assez semblable à celle de Théra. Une éruption d’une effroyable violence, ayant entraîné l’effondrement et la submersion presque totale de l’île. Les dommages qu’elle provoqua furent considérables. Des quantités énormes de roches et de magma

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