Le garage rose T3 : Marie-Belle by France Lorrain

Auteur:France Lorrain [France Lorrain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Québec
Éditeur: Guy Saint-Jean
Publié: 2024-09-30T21:18:00+00:00

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5Lucien Paquin fut curé de Maskinongé de 1941 à 1958.

Chapitre 13

Malgré son manque flagrant d’intérêt pour le mariage de son cousin et de Mireille Laliberté, Constance se prépara sans attendre en se levant, le 8 décembre. La veille, elle avait bien tenté de prétexter un surplus de travail à son père afin d’éviter de se rendre à Saint-Élie, mais Jacques-Robert lui avait opposé une fin de non-recevoir.

— Penses-y même pas ! Imagines-tu que ça améliorerait nos relations avec Louison et Gustave, si tu venais pas ? Non, non. On va passer un bon moment, j’en suis convaincu.

Et contre toute attente, Jacques-Robert n’avait pas eu tout à fait tort, comme sa fille le lui confirma une fois qu’ils furent revenus à la maison, vers le milieu de l’après-midi.

— Mireille était assez jolie dans sa robe, malgré la traîne un peu ridicule, hein, papa ?

— Oui. C’était une belle cérémonie. J’ai rarement vu ma sœur aussi fière ! Je pense qu’elle était bien contente de voir que les frères et sœurs de Gustave s’étaient déplacés pour l’occasion.

Constance approuva de la tête en se dirigeant vers le réfrigérateur pour prendre du bouillon de poulet et le déposer sur le comptoir. Elle prit aussi le temps de remplir un bol d’eau pour Félicité, qui miaulait à ses pieds.

— J’avoue que ça me faisait drôle de revoir mes cousins et cousines, ajouta-t-elle. J’ai très peu de souvenirs d’eux. Il faut dire qu’ils sont tous beaucoup plus vieux que moi.

Pendant quelques minutes, Jacques-Robert et Constance discutèrent des invités qui avaient été présents à la noce en s’amusant de certaines tenues plus extravagantes que d’autres. La jeune femme en profita pour verser son bouillon dans une casserole.

— En tout cas, je me demande si Mireille va aimer venir vivre à Maskinongé, observa-t-elle. C’est quand même un gros changement pour elle. Je sais pas si je serais capable, moi, de quitter mon village en laissant ma famille derrière.

Inconsciemment, Constance leva les yeux pour regarder la maison de Gratien, et son geste n’échappa pas à son père, qui fit un claquement désapprobateur de la langue avant de monter à l’étage pour retirer son complet chic.

— Dans la vie, ma fille, qui prend mari prend pays. C’est de même que ça fonctionne.

Constance se tourna pour suivre son père du regard alors qu’il grimpait l’escalier. Elle soupira, puis suivit le même chemin jusqu’à sa chambre. Assise sur son lit, elle retira les anneaux dorés à ses oreilles d’une main habile, et se releva pour les déposer dans le coffre à bijoux ayant appartenu à sa mère. Elle referma la porte et retira sa robe marine agrémentée d’un col à pointes évasées pour l’accrocher dans sa garde-robe. La jeune femme s’approcha de la fenêtre qui donnait sur la cour et laissa ses yeux errer un long moment sur les terres couvertes de neige. L’été lui paraissait déjà si loin. Dans un peu moins d’un mois, l’année 1951 finirait enfin. Soulevant la fenêtre pour mettre son nez dehors, Constance pria pour que la prochaine soit plus douce pour son père et elle.

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