Le Fils de Louis XIV by Matthieu LAHAYE

Le Fils de Louis XIV by Matthieu LAHAYE

Auteur:Matthieu LAHAYE [LAHAYE, Matthieu]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Monarchie française, Grand Dauphin, Louis XIV, cour
Éditeur: Editions Champ Vallon
Publié: 2013-06-27T22:00:00+00:00


UN GÉNÉRAL QUI N’INTERFÈRE PAS DANS LA CHAÎNE DE COMMANDEMENT

En dépit de ces quelques mentions d’amitié filiale, les lettres que le roi envoyait au dauphin ne différaient pas sensiblement de celles qu’il expédiait à ses généraux. En cela, elles permettent de comprendre le fonctionnement du haut commandement de l’armée lorsque le dauphin était généralissime.

Le dauphin entre gloire et logique administrative

Dans la continuité de ses Mémoires et de sa pratique gouvernementale, Louis XIV exigeait de son fils que toutes ses décisions soient prises d’une manière collégiale. Il était donc important que chacun puisse exposer son point de vue à la réunion quotidienne de l’état-major. Le 28 juin 1694, il lui rappelait : « […] Après tout je me remets à vous après avoir consulté le duc de Luxembourg de prendre le party que vous jugerez le plus convenable à vostre réputation et au bien de mon service815. ». Dans cette lettre, non seulement Louis XIV lie étroitement l’intérêt de la Couronne, celui de l’État, avec la réputation de son fils, mais apporte une preuve irréfutable contre l’idée d’une décision concentrée à Versailles. Cet état de fait n’était pas consécutif à la disparition de Louvois puisque ce dernier encourageait le maréchal de Lorge, en mai 1690, à prendre des initiatives stratégiques816.. Pour Louis XIV, la fonction de Monseigneur consistait à entendre les avis des généraux, à les accorder avec les objectifs de la cour puis à arrêter une décision.

Pour le roi, même si l’héritier du trône n’était pas à l’origine de la décision, une fois énoncé par lui l’ordre se revêtait de son autorité de dauphin et de celle conférée par le roi lui-même qui lui accordait sa confiance. Pour cette raison et d’une manière tout à fait rhétorique – ce qui n’est pas pour nous synonyme de mensonge – toutes les lettres attribuent à Monseigneur la responsabilité des décisions prises. Il n’est qu’à lire la lettre qu’il écrivit sous le contrôle étroit de Chamlay à Huxelles, en juin 1690 : « Je compte que vous arriverez le 17e de ce mois de Brisack, que vous employerez le 18 à retirer de Fribourg les trois bataillons et le régiment colonel général des dragons817. ». Le « je » est d’emprunt et demeure l’expression de l’autorité du prince. De même, le 9 juillet 1694, il écrit au roi : « Pour ce qui est de moy, j’ay pris le party de marcher dimanche onzième et de me porter tout d’un coup au camp de Tongres 818. », alors que c’est le maréchal de Luxembourg qui lui avait proposé cette solution. Mais ce qui était décidé en réunion d’état-major était marqué du sceau de sa volonté. Dès 1688, dans sa correspondance, Saint-Pouange lui-même attribuait toutes les décisions au dauphin, alors que ce dernier ne faisait qu’avaliser les conclusions de Duras, de Vauban et de Chamlay. Le 3 novembre, il écrivait ainsi : « Monseigneur n’a pas encore jugé à propos d’envoyer un régiment d’infanterie à Heidelberg819. ». Il en allait de même de Chamlay.



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