Le désir d'être un volcan by Onfray

Le désir d'être un volcan by Onfray

Auteur:Onfray
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Grasset


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JOUIR ET FAIRE JOUIR

Où est le bonheur ?

Deux femmes sont la cause de notre malheur à nous tous, les hommes. Et c'est bien assez pour que, curieux et empressés, nous commencions à nous demander ce qu'il en était du bonheur avant le temps, avant que commence le monde tel qu'il est dans sa désespérante allure. Dans cette époque de toutes les béatitudes, ce sont Eve et Pandore qui préparent et fomentent toutes les apocalypses. Elles sont les deux catastrophes par lesquelles le bonheur devint, un jour, affaire de vieille lune. Ainsi, tout commence au paradis céleste, en Éden comme il est dit, là où Dieu a planté un jardin pour y mettre l'homme qu'il avait façonné. Puis la femme, de manière participative, puisque chacun sait qu'à défaut d'être notre moitié, elle est avant tout un morceau de côte, un os qui aurait eu de la promotion.

En vertu de l'étymologie hébraïque, Éden signifie plaisirs ou délices. Les traductions du grec des Écritures rendront jardin par paradeisos – parc riche en verdure, généralement garni d'arbres et peuplé d'animaux. Et si la question du lieu nous préoccupe, si l'on peut se demander où était le bonheur à cette époque, on peut répondre sur le mode géographique, car le paradis était localisé, sur terre, bien que céleste. Les géographes l'ont situé entre le Tigre et l'Euphrate, entre le Gange et le Nil. Certains pensent que ces lieux sont ceux de l'actuel Irak et que le paradis est une ancienne propriété de Saddam Hussein.

Comment y vivait-on dans ce lieu, puisqu'il n'y est question que de bonheur ? Eh bien on évolue dans un jardin où coule l'eau de la vie et pousse l'arbre dont le fruit nourrit les immortels. C'est donc d'abord un endroit où l'on ignore la mort. De même, on y vit en toute familiarité avec Dieu, qui ne fait pas de manières et n'est pas encore coutumier de colères, disons homériques. Pour le formuler à la façon de Feuerbach, les hommes n'ont pas encore hypostasié leur essence ; ils disposent d'une identité que définit la coïncidence de leur nature et de leur projet. Aussi peuvent-ils user librement des fruits du jardin, maîtriser les animaux, aller en toute innocence, car ils ignorent encore le sentiment de honte. On n'y souffre pas, on n'y meurt pas. Et s'il fallait quelque détail plus déterminant pour savoir qu'on est véritablement au paradis, sachez que le couple primitif connaît l'unité la plus harmonieuse qui soit. Faut-il preuve plus manifeste pour consentir qu'alors on est bien au jardin des délices ? Pour être complet, tout de même, il faut dire, ceci expliquant cela, qu'en de pareils temps idéaux, les hommes ignorent tout du désir. Quel mérite, diront les fâcheux, y a-t-il à filer le parfait amour conjugal dans ces conditions ?

Récapitulons : pas de souffrance, pas de mort, pas de désir, pas de manque, pas de guerre. Le corps ignore le trouble, il connaît la parfaite innocence, et n'a pas à subir les effets de l'entropie. Le paradis



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