Le cousin Pons by Un livre Un film

Le cousin Pons by Un livre Un film

Auteur:Un livre Un film [film, Un livre Un]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: J. Hetzel et Paulin, Paris
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


— Allons, Héloïse, madame n’est pas de force, laisse-la tranquille.

— Madame serait la nouvelle Héloïse ?... dit la portière avec une fausse ingénuité pleine de raillerie.

— Pas mal, la vieille ! s’écria Gaudissard.

— C’est archidit, reprit la danseuse, le calembour a des moustaches grises, trouvez-en un autre, la vieille... Ou prenez une cigarette.

— Pardonnez moi, madame, dit la Cibot, je suis trop triste pour continuer à vous répondre, j’ai mes deux messieurs bien malades... et j’ai engagé pour les nourrir et leur éviter des chagrins jusqu’aux habits de mon mari, ce matin, qu’en voilà la reconnaissance...

— Oh ! ici la chose tourne au drame ! s’écria la belle Héloïse. De quoi s’agit-il ?

— Madame, reprit la Cibot, tombe ici comme...

— Comme un premier sujet, dit Héloïse. Je vous souffle, allez ! médème.

— Allons, je suis pressé, dit Gaudissard. Assez de farces comme ça ! Héloïse, madame est la femme de confiance de notre pauvre chef d’orchestre qui se meurt ; elle vient me dire de ne plus compter sur lui ; je suis dans l’embarras.

— Ah ! le pauvre homme, mais il faut donner une représentation à son bénéfice.

— Ça le ruinerait ! dit Gaudissard, il pourrait le lendemain devoir cinq cents francs aux hospices qui ne reconnaissent pas d’autres malheureux à Paris que les leurs. Non, tenez, ma bonne femme, puisque vous courez pour le prix Montyon... Gaudissard sonna, le garçon de théâtre se présenta soudain. — Dites au caissier de m’envoyer un billet de mille francs. Asseyez-vous, madame.

— Ah ! pauvre femme, voilà qu’elle pleure !... s’écria la danseuse. C’est bête... Allons, ma mère, nous irons le voir, consolez-vous. — Dis-donc, toi, Chinois, dit-elle au directeur en l’attirant dans un coin, tu veux me faire jouer le premier rôle du ballet d’Ariane. Tu te maries, et tu sais comme je puis te rendre malheureux !...

— Héloïse, j’ai le cœur doublé de cuivre, comme une frégate.

— Je montrerai des enfants de toi ! j’en emprunterai.

— J’ai déclaré notre attachement.

— Sois bon enfant, donne la place de Pons à Garangeot, ce pauvre garçon a du talent, il n’a pas le sou, je te promets la paix.

— Mais attends que Pons soit mort... le bonhomme peut d’ailleurs en revenir.

— Oh ! pour ça, non, monsieur... dit la Cibot. Depuis la dernière nuit, qu’il n’était plus dans son bon sens, il a le délire. C’est malheureusement bientôt fini.

— D’ailleurs, fais faire l’intérim par Garangeot ! dit Héloïse, il a toute la Presse pour lui...

En ce moment le caissier entra, tenant à la main deux billets de cinq cents francs.

— Donnez-les à madame, dit Gaudissard. Adieu, ma brave femme, soignez bien ce cher homme, et dites-lui que j’irai le voir, demain ou après... dès que je le pourrai.

— Un homme à la mer, dit Héloïse.

— Ah ! monsieur, des cœurs comme le vôtre ne se trouvent qu’au théâtre. Que Dieu vous bénisse !

— A quel compte porter cela ? demanda le caissier.

— Je vais vous signer le bon, vous le porterez au compte des gratifications.



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