Le chien des boches by Claude Quétel

Le chien des boches by Claude Quétel

Auteur:Claude Quétel [Quétel, Claude]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Récit
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2016-08-22T00:00:00+00:00


Mon père était exceptionnellement présent. Il s’accorda avec ma mère pour trouver que j’avais bien chanté.

Une enfance catholique

Les impératifs de la religion catholique achevaient de mettre en péril mes plans de maraude. Point question pourtant d’y échapper. Il était déjà assez beau d’avoir pu être libéré de la férule des pères maristes. Ces pratiques religieuses commençaient, ou plutôt finissaient à la maison avec la prière du soir que mon jeune frère et moi devions réciter chaque jour avec notre mère, catholique fervente. Dans la chambre que nous partagions, on devait s’agenouiller en chemise de nuit et pieds nus devant la cheminée, toujours éteinte même au plus fort de l’hiver. Sous les regards morts des statuettes en plâtre ivoiré de sainte Jeanne d’Arc et de sainte Thérèse de Lisieux qui nichaient sous un grand globe de verre, on récitait le chapelet à trois voix. Après le « Credo », se succédaient les « Notre Père » et les « Je vous salue Marie » dans d’interminables litanies.

Ma foi étant déjà proche du néant, je m’ennuyais à mourir, en me trémoussant pour soulager mes genoux endoloris. Mon petit frère s’endormait ou s’employait à me faire rire avec force grimaces. Cela marchait à tous les coups et je me faisais punir. De surcroît, ma mère, estimant que Dieu n’avait pas trouvé Son compte, nous faisait recommencer tout le chapelet mais sans elle cette fois, pour mieux contrôler notre psalmodie. On ne riait plus.

À la maison, les punitions pleuvaient aussi facilement qu’à l’école et de cela au moins ma mère s’acquittait sans faiblesse. À la gifle, elle préférait le martinet que tous les parents achetaient chez le cordonnier. Mon frère et moi y avions souvent droit, ne fût-ce qu’en raison de nos chamailleries continuelles. Un jour, nous crûmes astucieux d’en couper quelques lanières, croyant adoucir la correction alors qu’elle n’en fut que plus douloureuse. Une autre fois, nous dissimulâmes l’instrument loin sous le buffet. Mal nous en prit car, lorsque ma mère voulut s’en servir sans le trouver, elle s’empara d’un grand bouquet de houx frais qui ornait la cheminée et nous en fouetta d’importance. On avait eu si mal qu’on s’empressa de remettre le martinet à sa place, bien en évidence sur la tablette du buffet de la cuisine.

Le martinet s’inscrivait dans une gamme variée de punitions. La plus fréquente nous expédiait au lit sans souper. Plus petit, ma mère m’enfermait une heure, voire deux, dans un cagibi sans lumière. Plus grand, elle me consigna à la maison, mais je commençai alors à m’échapper. Jamais elle ne me menaça d’aller se plaindre à mon père, décidément étranger chez lui.

Ma mère avait commencé, dès mon plus jeune âge, le catéchisme à la maison jusqu’à ce que, en même temps que l’école, le temps fût venu d’intégrer le « caté » officiel, un jeudi matin sur deux, l’autre étant réservé aux filles. Les séances se déroulaient dans un local exigu et bas de plafond, attenant à la sacristie de l’église. Tous les enfants du village,



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