Le chasseur solitaire by Wilcox Collin

Le chasseur solitaire by Wilcox Collin

Auteur:Wilcox, Collin
La langue: fra
Format: epub
Tags: Série Noire
Éditeur: Série Noire
Publié: 1969-08-15T00:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Est-ce qu’en ce moment Claudia était en train de se droguer ? me demandai-je.

Ce n’était pas en restant dans ma voiture que je la trouverais. Si je ne me poussais pas à poser des questions à droite et à gauche, je n’y arriverais jamais. Bien que le centre de la communauté hippie soit Haight Street, ils habitaient disséminés aux quatre coins de la ville.

Par simple réflexe, mais sans beaucoup d’espoir, je scrutais le visage des passants. Une voiture-radio roulait lentement dans ma direction. En arrivant à ma hauteur, le conducteur m’adressa un petit salut de la main. Je lui répondis par un hochement de tête, puis repris ma surveillance qui ne rimait à rien.

Est-ce que je tenais vraiment à la retrouver ?

Un jour, alors qu’elle était une fillette de trois ou quatre ans, elle s’était égarée. Pendant des heures, je parcourus le voisinage en élargissant peu à peu le champ de mes recherches. La police me prêta son aide. Ce n’est qu’au crépuscule que je la découvris ; elle était assise dans les hautes herbes d’un terrain vague, et cueillait tranquillement des pissenlits. Pendant les longues heures où je l’avais cherchée, je bouillais d’impatience. Mais lorsqu’enfin je la découvris, je restai un moment dans la voiture, à cligner des yeux. Et puis je…

Sur le trottoir d’en face, se tenait une silhouette qui m’était familière. C’était Cecile Franks. Vêtue d’une robe de daim moulante, elle semblait attendre ; ses cheveux noirs bien plaqués accentuaient ses traits. Le menton relevé, elle scrutait la rue. Sous des dehors à première vue froids et réticents, son jeune corps m’apparut extraordinairement excitant.

Je tournai la clé de contact et démarrai. J’avais trois solutions : une meute de flics, Vannuchi ou Cecile Franks. Tout à coup j’eus la certitude que si mon secret pouvait être gardé, ce serait par cette jeune femme décidée en robe de daim.

Et si elle m’aidait, elle comprendrait peut-être que je pouvais aussi l’aider.

Je roulai jusqu’au carrefour, fis demi-tour et m’arrêtai devant elle. Elle me jeta un bref coup d’œil, puis détourna les yeux, le menton levé. Comme il faisait très sombre, elle ne m’avait pas reconnu.

Je me glissai sur le siège de droite et baissai la glace :

— Vous attendez quelqu’un, Miss Franks ?

Elle écarquilla de grands yeux en me reconnaissant. Était-elle embêtée ? Ou simplement surprise.

— J’attends un taxi.

Sa voix avait sa froideur habituelle.

— Puis-je vous déposer quelque part ? J’en serais très heureux.

Elle me regarda, sans savoir à quoi s’en tenir.

— Est-ce un ordre, sergent ?

— Non, Miss Franks. C’est une offre. Je ne suis pas en service.

Un taxi arrivait. Elle le regarda, hésita un instant. Puis, comme elle s’approchait de la portière, je l’ouvris. Elle se glissa à l’intérieur d’un mouvement rapide. Alors que je me penchais pour refermer, j’éprouvai un léger vertige en l’effleurant. Elle regardait droit devant elle.

— Où allez-vous ? dis-je en engageant la voiture dans le flot de la circulation.

— En ville. À Broadway.

— Du côté de North Beach ?

— Oui, répondit-elle sèchement. (Puis, abandonnant un peu son attitude défensive, elle ajouta :) Je vais au café Alfredo. Ensuite au cinéma.

— Je croyais que votre jour de congé c’était le vendredi.



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