Le chasseur de regards by Sebastian Fitzek

Le chasseur de regards by Sebastian Fitzek

Auteur:Sebastian Fitzek [Fitzek, Sebastian]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Policier
ISBN: 9782809814262
Google: 1CQOAwAAQBAJ
Éditeur: Archipel
Publié: 2014-03-18T23:00:00+00:00


38

Alexander Zorbach (moi)

J’avais franchi le point mort. Pas celui de la fatigue qui, depuis que j’avais repris connaissance, m’enveloppait comme un épais cocon, non, ce que j’avais laissé derrière moi, c’était le point mort de la conscience de la douleur. Pendant que je me traînais dans le couloir, mon esprit était plein d’une clarté que je croyais depuis longtemps oubliée, comme si l’horreur que je traversais avait un pouvoir éclairant, comme si elle était un anesthésique chassant mes souffrances par une série de chocs appliqués à des moments choisis. Mes maux de tête avaient disparu et la partie droite de mon corps m’obéissait mieux, même si mes genoux fléchissaient parfois tandis que je me rapprochais de l’origine du bruit d’eau. Malheureusement, le cauchemar auquel je me heurtais ne tempérait que mes souffrances physiques, laissant intactes mes blessures psychiques. C’est donc dans cet état, mû par une pensée claire, mais débordant d’une fureur profonde, mêlée de peur, que j’ouvris d’un coup de pied la porte de la salle de bains dans laquelle Frank m’avait ordonné de me rendre.

Dans un premier temps, je ne distinguai rien. Une vapeur d’eau brûlante avait envahi la pièce qui n’offrait plus à ma vue qu’un épais brouillard. J’avais peine à respirer. Je me mis à agiter les bras comme pour chasser un insecte importun et peu à peu le rideau tendu devant mes yeux se dissipa. Ce que je regrettai en apercevant la baignoire.

Mon Dieu, faites que je me trompe, je vous en prie…

J’avais l’impression d’être un personnage de BD qui, ayant avancé un pied au-dessus du vide, se demande quelle erreur il a bien pu commettre avant de tomber dans l’abîme. Sauf que, hélas, ne s’ouvrait pas devant moi un gouffre dans lequel j’aurais pu disparaître.

Faites que je sois le jouet d’une illusion d’optique, mon Dieu, que ce soit mon cerveau tout troué qui me joue un tour…

Notre baignoire était un monstre antédiluvien, trônant au milieu de la pièce sur ses pieds de laiton. Assez spacieuse pour accueillir deux personnes qui ne se toucheraient qu’à condition de le vouloir expressément. Or, par souci d’économie environnementale, Nicci avait absolument voulu un débit réduit, si bien qu’il fallait au moins une demi-heure pour que « la piscine soit pleine », comme Julian le disait plaisamment. Pour l’instant, l’eau était à environ deux centimètres du bord. Deux centimètres qui allaient décider de la vie ou de la mort. Je me précipitai et secouai les chaînes qui ligotaient une créature à bout de forces. Frank n’avait pas fait son travail à moitié : TomTom ne pouvait pas plus sauter de la baignoire que maintenir sa truffe au-dessus du rebord. Il était comme absent, on l’avait sans doute drogué, ce qui expliquait pourquoi il ne gémissait pas plus qu’il n’aboyait.

Le harnais qu’il avait autour du corps afin qu’Alina pût le mener d’une main ferme avait fait son malheur. Le Voleur de regards avait disposé de suffisamment d’œillets et de brides pour y enfiler des chaînettes et immobiliser TomTom. Le cou, le tronc et les hanches du chien étaient attachés à la robinetterie.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.