Le cerveau a-t-il un sexe ? by Daphna Joel & Luba Vikhanski

Le cerveau a-t-il un sexe ? by Daphna Joel & Luba Vikhanski

Auteur:Daphna Joel & Luba Vikhanski
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Éditions Albin Michel
Publié: 2019-12-10T00:00:00+00:00


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LAVAGE DE CERVEAU BINAIRE

Quand j’ai soumis mon premier texte scientifique pour publication au milieu des années 1990, en compagnie d’Ina Weiner, ma directrice de thèse, nous avons utilisé nos initiales plutôt que nos prénoms. C’était un article qui dérangeait ; nous y remettions en cause la compréhension établie à l’époque de la manière dont les lobes frontaux sont connectés aux noyaux gris centraux, faisceau neuronal enfoui sous le cortex. Notre crainte était que la publication soit refusée si le comité de lecture savait que les auteurs étaient des femmes. Je ne sais pas si les initiales nous ont aidées, mais l’article a bien été publié, dans la revue Neuroscience(1), et il a compté parmi ceux qui ont changé les manières de voir. S’agissait-il de paranoïa ? J’ai appris plus tard qu’à peu près au même moment, à la demande de son éditeur qui craignait que les garçons ne veuillent pas lire un livre écrit par une femme, Joanne Rowling avait adopté les initiales J. K. pour son nom de plume !

Si jamais vous pensez que les préjugés latents à l’encontre des femmes se sont dissipés, une étude a prouvé à quel point ce n’est pas le cas. Des chercheurs de l’université Yale ont reçu les réponses de 127 professeurs de biologie, de chimie et de physique issus de différentes universités américaines, à qui on avait demandé d’évaluer le dossier d’un étudiant fictif censé postuler un emploi de gestionnaire de laboratoire(2). Tous les professeurs avaient reçu la même candidature. Seule différence : dans un cas sur deux environ, le prénom du candidat était John, et dans l’autre cas il s’agissait d’une candidate, Jennifer. Faut-il préciser lequel des deux a le mieux tiré son épingle du jeu ? Les professeurs d’université ont estimé que John était nettement plus compétent et ferait une meilleure recrue que Jennifer, ils ont proposé pour lui un salaire de départ plus élevé, d’à peu près 30 000 dollars en moyenne, contre 26 500 dollars pour Jennifer. Curieusement, les membres féminins du corps professoral tendaient, à l’instar de leurs collègues masculins, à donner la préférence à John, ce qui montre que les femmes ne sont pas moins porteuses que les hommes des préjugés de genre. Et il n’y avait pas d’hostilité à l’encontre des femmes, au contraire : les universitaires ont déclaré trouver Jennifer plus sympathique que John. De l’avis des auteurs de l’étude, les préjugés étaient sans doute « involontaires, issus de la prédominance des stéréotypes culturels plutôt que d’une intention délibérée de désavantager les femmes ». Délibérés ou non, de tels préjugés ont des effets toxiques. Ils se répercutent sur tous les aspects de la carrière d’une femme – de son choix d’études à ses chances d’obtenir un emploi, à son futur salaire et à ses perspectives d’avancement.

Ce n’est pas toujours facile de repérer l’origine de la bifurcation des genres, mais il se trouve que dès le berceau, les bébés sont traités différemment. Des chercheurs de l’université de la ville de New York ont réalisé une



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