[Le Celte 15] L'Ange déchu by Morcet Robert

Auteur:Morcet, Robert [Morcet, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Malko - Gérard de Villiers
Publié: 2001-04-10T22:00:00+00:00

CHAPITRE IX

Loïc appuya sur le bouton de la sonnette accolé à la porte d’un petit pavillon de la ville de Chelles. Il patienta.

La maisonnette était sans grande originalité. Construite de plain-pied en briques rouges, elle avait des volets de bois verts. Un petit jardinet propret l’entourait. Sur la pelouse, un nain de faïence ricanait.

Le rideau d’une fenêtre frissonna. Une minute après, un homme d’une soixantaine d’années apparut sur le seuil. Souriant, il descendit les trois marches du perron et vint ouvrir au Celte. En chemise, malgré le froid piquant, le teint frais, l’œil vif et les cheveux soigneusement lissés, il avait une bonne tête de papy tranquille.

– Monsieur Simon Bergerac? s’enquit Le Celte.

– Soi-même. Je vous attendais, Monsieur Le Goënec.

Sa voix avait l’accent rocailleux du terroir du Sud-Ouest. Il ouvrit la porte et s’effaça pour laisser passer Le Celte.

– Vous avez trouvé facilement?

Le Celte le rassura sur son sens de l’orientation et suivit le bonhomme dans l’allée gravillonnée.

L’intérieur du pavillon respirait l’ordre et la quiétude. Un petit couloir d’entrée au sol carrelé de mosaïque rose et blanche ouvrait, à droite, sur un salon tapissé de papier peint clair. À gauche, une porte ouverte donnait sur une cuisine rutilante. Le Celte accrocha son blouson sur une patère de bois lustré. Dans un coin, une série de chaussures de ville étaient alignées en ordre parfait à côté d’un porte-parapluies en fer forgé.

Les deux hommes s’installèrent dans des fauteuils de tissu marron décoré de motifs en forme d’arabesque.

– Voulez-vous un café? proposa l’hôte qui disparut dans sa cuisine.

Le Celte accepta et attendit en contemplant le décor traditionnel douillet. Une table couverte d’une nappe en tissu brodé occupait l’espace devant un buffet Henri II au bois luisant et patiné. Une vasque de faïence trônait au centre du plateau du meuble. Des gravures anciennes, des cadres aux photos d’une autre époque décoraient les murs. Et, suprême vestige des années cinquante, un carillon égrenait les heures avec la ponctualité d’un gardien du temps pointilleux.

Bergerac revint avec un plateau chargé de deux tasses et d’une cafetière au ventre rond et au col étroit. Pendant qu’il servait, il interrogea Le Celte.

– Excusez-moi pour ma méfiance, mais je souhaiterais voir votre carte officielle de policier... On n’est jamais trop prudent.

Le Celte satisfit volontiers la curiosité de Bergerac. Celui-ci examina attentivement le document.

– Mes ennemis sont particulièrement puissants, poursuivit-il. Je suis régulièrement menacé et, plusieurs fois, j’ai été victime d’actes malveillants. Demain, je ne sais pas jusqu’où ils iront.

– Vous voulez parler de la secte des Adorateurs de Cthulhu?

– D’eux et de bien d’autres, répondit le vieil homme que cette affirmation n’avait pas l’air de troubler. Cette secte n’est pas la seule à me vouer aux gémonies. Que ce soit les scientologistes, les adeptes de Moon ou les Raëliens5, ils n’apprécient pas ceux qui dénoncent leurs manœuvres. Mon combat ne leur plaît pas, mais pas du tout.

– Catherine m’a expliqué que vous aviez créé une association de lutte contre ces nouvelles églises.

Bergerac se cala dans son fauteuil et reprit de sa voix ferme et posée:

– Ah, Catherine.

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