L'épreuve du Roi by WEIS Margaret

L'épreuve du Roi by WEIS Margaret

Auteur:WEIS, Margaret [WEIS, Margaret]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 2014-07-08T09:15:01+00:00


2

— Je ne devrais pas le permettre, dit le docteur. Son Altesse Royale est très proche de son terme. Je préférerais qu’elle se repose.

Maigrey eut grande envie de le saisir par les revers de sa blouse blanche et de le jeter par la fenêtre. Elle se domina avec effort.

— J’aurais dû être informée.

— Semele l’a interdit, Maigrey, dit Augustus Clairfeu, le prince héritier. Et qu’aurais-tu pu faire ? Tu combattais les Corasiens.

— Son état n’est pas très préoccupant, dit sèchement le docteur. Les saignements, c’est assez fréquent. Son Altesse Royale a été priée de garder le lit pour éviter les complications et, en conséquence, il n’y en a pas eu. Elle a mené sa grossesse à terme. Le bébé est vigoureux, Son Altesse Royale se porte bien… du moins si on la laisse en repos.

— Ma visite sera courte. C’est ma meilleure amie. Nous ne nous sommes pas vues depuis des mois. Et je repars en campagne demain.

— Je viens de parler avec ma femme, dit Augustus Clairfeu, regardant le docteur comme il aurait regardé un dieu. Elle promet de ne pas se fatiguer. La naissance est pour ce soir, ajouta-t-il à l’adresse de Maigrey.

— Je n’ai pas dit que c’était certain, dit le docteur d’un ton acerbe.

— Pourtant, avec tout cet équipement, vous devriez pouvoir dire…, commença Maigrey, montrant les nombreux écrans et appareils enregistrant en continu l’état de la patiente.

— Dame Maigrey, l’interrompit le docteur, nous pouvons voyager plus vite que la lumière. Nous pouvons modifier génétiquement la vie. Nous pouvons nous détruire avec une rapidité et une efficacité remarquables. Mais les bébés continuent à arriver quand ils veulent. Notre Mère Nature fait son métier depuis des millénaires, et c’est ma conviction que moins nous interférons avec elle, mieux ça vaut.

— Semele devrait être à l’hôpital, dit-elle.

— Dame Maigrey, quand vous aurez fait huit ans d’études médicales et que vous aurez terminé votre internat, je serai heureux d’avoir votre avis. Très bien, vous pouvez la voir, ajouta-t-il, magnanime, peut-être pour souligner son autorité. Mais pas plus d’un quart d’heure.

— Ainsi dit le Seigneur, murmura Maigrey au prince héritier qui pouffa nerveusement.

Maigrey avait oublié la regrettable tendance d’Augustus à pouffer en toute occasion. Normalement, elle trouvait ça drôle ; elle et Semele l’avaient beaucoup taquiné à ce sujet quand ils étaient à l’Académie. Ce soir, ça lui tapa sur les nerfs. Le laissant discuter les exercices respiratoires avec le docteur, elle entra dans la chambre.

Une tête aux cheveux noirs en désordre se détourna de la contemplation de la fenêtre.

— Maigrey ! s’écria une voix bien connue.

Avec un fort sentiment d’être chez elle qu’elle n’avait pas éprouvé depuis longtemps, Maigrey traversa la vaste pièce où son amie était couchée dans un lit d’hôpital, entourée de machines et d’une infirmière qui aurait pu en être une.

— Vous pouvez disposer, dit Son Altesse Royale, la congédiant sans cérémonie.

L’infirmière sembla hésiter, puis transigea en allant s’asseoir sur un canapé à l’autre bout de la pièce, où elle alluma une vid.

— Ce n’est pas une mauvaise pâte, dit Semele en souriant.



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