Léonore, toujours by Christine Angot

Léonore, toujours by Christine Angot

Auteur:Christine Angot [Angot, Christine]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Quand j’aurai fini de taper, j’irai la voir, elle est dans sa chambre, je la prendrai dans mes bras. Quitte à lui faire mal, je la serrerai. Toute la journée, je jure de l’aimer. De l’aimer comme jamais elle ne l’a été. Mais ce soir on la laisse à ma mère et André. La première fois, quelle culpabilité ! J’avais peur qu’elle soit marquée à vie de ne pas me retrouver.

« Quelle année 92 ! Dans quelques mois, petit bébé va naître. Jeudi 30 janvier, on a fêté nos dix ans de mariage avec Christine ! Toute une journée ensemble à ne rien faire d’autre que s’aimer, on est allés au cinéma voir Un conte d’hiver de Rohmer (très bof), on a terminé à Albert’s Bar avec des crêpes Suzette ! Et hier, 1er février 92, j’ai soutenu ma thèse ! Mention très honorable ! On a terminé à la maison tous les deux, Christine et moi, avec une bouteille de Dom Pérignon et les petits fours salés et sucrés du pot de thèse (où il y avait Bénédicte, Marie-Armelle et Alexandra, François, Henri, les Boniface, Marie-Noëlle…).

« Lundi 2 décembre 91 : on est trois !

« Vendredi 13 décembre 91 : quatorze millimètres !

« Mardi 14 janvier 92 : six centimètres deux.

« Vendredi 14 février 92 : dix-huit centimètres.

« Jeudi 9 juillet 1992. À une heure dix du matin, Christine me téléphone à Montpellier : elle pense avoir perdu les eaux. Je pars vers une heure quarante, arrive à la clinique Mozart vers quatre heures trente. Le vrai travail commence vers sept heures. À dix heures vingt-cinq, Christine commence à pousser.

« À dix-heures cinquante-cinq naît notre petite Léonore ! Elle pèse deux kilos six cent cinquante et mesure quarante-huit centimètres. C’est le bonheur absolu, l’incrédulité, Rachel et André sont là, je passe la journée dans le bonheur à la clinique avec Christine et Léonor »… au début on l’écrivait sans le e… « J’écris ça le soir, rentré seul ; à neuf heures vingt-cinq. J’en pleure presque, d’émotion mêlée à la fatigue, la faim et une sorte de vague à l’âme bizarre. Je les aime, Christine, Léonor, Rachel et André, les adore. Passé une partie de l’après-midi à téléphoner à la famille et aux amis. Et dire que dans deux mois je commence mon nouveau métier à Montpellier !… Maître de Conférences… Vraiment 92… »

Léonore n’avait pas envie de dormir. J’ai dit à Claude de la mettre dans la petite chaise roulante et de me l’amener. Qu’elle ne me dérangeait pas. Il la pousse, et dit « voilà le petit train de l’amour. Le petit train de l’amour, de la joie et du bonheur ». Je note la phrase, je la trouve vraie.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.