L'Animal Est-Il un Homme Comme les Autres ? by Aurelien Barrau et Louis Schweitzer

L'Animal Est-Il un Homme Comme les Autres ? by Aurelien Barrau et Louis Schweitzer

Auteur:Aurelien Barrau et Louis Schweitzer [Aurelien Barrau et Louis Schweitzer]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Dunod
Publié: 2018-06-15T00:00:00+00:00


de confort. Il est vrai que boire du lait est en partie incohérent. On sait que l’industrie du lait est aussi meurtrière que celle de la viande. Pour avoir du lait, les vaches doivent avoir des veaux, qui seront nourris avec des laits de synthèse et souvent vite mis à mort sans avoir jamais pu téter leur mère. Même les éleveurs les plus froids y sont souvent sensibles : arracher l’animal juste né à sa mère paniquée viole quelque chose dont nous avons quelque part conscience de la sacralité. La sélection animale que nous avons mise en œuvre a de plus abouti à des races de vaches laitières dont les pies touchent presque le sol, les empêchant de marcher. Presque des monstres. La consommation d’œufs pose tout autant de problèmes. Recueillir les œufs de quelques poules vivant librement ne poserait évidemment aucun problème. Mais la réalité n’a rien à voir. L’immense majorité des œufs vient de poules élevées en batterie dans des conditions littéralement abominables. Même la mention « poule élevée en plein air » est peu contraignante quant aux conditions de leur élevage : elles vont très peu en extérieur et vivent dans des conditions déplorables. Et là aussi, la sélection génétique a abouti à créer des races qui pondent souvent, et des œufs trop gros – la ponte devient une torture –, ce qui n’a rien à voir avec le rythme naturel des poules. Sans même mentionner le sort terrible et bien connu des poussins mâles puisqu’ils ne pourront pas être exploités pour leurs œufs. Cela ne devrait même pas intervenir dans l’argument mais les poules sont en plus des animaux tellement délicieux de subtilité et de sensibilité ! N’ayons pas l’impression que le véganisme – qui intègre également ces faits dans sa pensée du respect animal – est une folie. Il est peut-être un peu contraignant mais il est cohérent.

Louis : Ces exemples, particulièrement cruels, que vous venez de citer mettent en évidence une opposition entre le fait de manger de la viande et l’éthique, mais interrogent aussi la rationalité de cette attitude. Le chasseur-cueilleur avait sans doute une rationalité à manger de la viande, car les autres manières d’acquérir des protéines étaient moins simples. On est passé à une situation où nos régimes alimentaires contiennent trop de protéines, alors même que de nouvelles technologies permettent de produire des protéines sans recourir à l’élevage. Pour parler de l’élevage industriel, il me semble qu’il faut partir de l’adjectif. Qui dit industriel, dit production de masse, répondant à une demande de masse, en l’occurrence de produits carnés. Ce qui en soit pose problème : comment des êtres vivants peuvent-ils devenir des produits ? Mais dire de quelque chose qu’il est industriel renvoie aussi à une dimension technique. Être industriel revient ainsi à être le plus efficient possible en fonction de critères tels que l’utilisation de la main d’œuvre, le coût, la productivité, la rentabilité, l’utilisation minimale des intrants. Il y a une rationalité à l’industrialisation. Mais cette approche est-elle toujours plus négative, plus nuisible ? Je n’en suis pas persuadé.



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