L'ancêtre d'Irskaa by Daniel Piret

Auteur:Daniel Piret [Piret, Daniel]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2265006521
Éditeur: FNA 0848
Publié: 1978-01-21T23:00:00+00:00

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Les Ishims vivaient dans de vastes cavernes aménagées, dans un état de perpétuelle angoisse. Des centaines de postes de surveillance étaient répartis sur des dizaines de kilomètres à la ronde. A la moindre alerte, ils se dissimulaient. On entendait rarement les bruits qui sont l’apanage des rassemblements humains, même les enfants savaient très tôt retenir leurs cris ; ils jouaient en silence...

Au fil des conversations, j’appris que les Héréqs faisaient de fréquentes razzias parmi les tribus disséminées à la surface d’Irskaa, emmenant avec eux hommes, femmes et enfants afin de les réduire en esclavage et les affecter au service de l’incuba... Nul ne revoyait jamais ceux qui avaient été enlevés, c’est pourquoi les Ishims me vouaient une véritable vénération pour l’exploit que j’avais réalisé en sauvant quelques-uns d’entre eux et surtout Valla, fille de Kaal, le vieux roi.

C’était un grand vieillard au regard doux.

Souvent il me prenait à part et nous conversions longuement à voix basse tandis que les femmes nous servaient une étrange liqueur aigre-douce, légèrement alcoolisée, qui « aiguisait » les esprits.

Un soir, peut-être Kaal avait-il bu un peu plus de ce breuvage qu’à l’habitude, il se laissa aller et ses paroles s’imprégnèrent dans mon esprit.

— Jadis, les anciens pouvaient, comme toi, voler comme des oiseaux. Ils savaient fabriquer des machines qui les emportaient aussi vite que le vent, ils pouvaient traverser les mers... Ils étaient des millions et peuplaient toute notre planète... Alors les Héréqs n’existaient pas. Autour d’Horeba, il y avait des villes, il y avait aussi des champs, des arbres, de grandes rivières. Les gens vivaient heureux et puis un jour... Mais les récits ne concordent pas à ce sujet, fût-ce un jour, fût-ce un siècle, fût-ce un millénaire, il y eut un grand bouleversement. Les Héréqs firent leur apparition. Ils se déversèrent à flots, couvrant le sol de leurs millions de carapaces. Une volonté inébranlable les animait, ils détruisaient tout sur leur passage... Nos ancêtres s’envolèrent à bord de grands oiseaux de métal, abandonnant une partie des leurs... C’est de ceux qui restèrent que nous descendons...

— Mais d’où sont venus les Héréqs ?

— La légende... toujours la légende dit qu’ils surgirent un jour du sol, qu’ils sont nés de la terre, du côté des montagnes noires !

Les montagnes noires, toujours les montagnes noires !

— Mais nul ne peut savoir au juste, poursuivit Kaal. Nos prêtres disent qu’ils sont en fait les anges du Mal que la Grande Force enfanta pour nous punir de nos péchés et qu’un jour, lorsque les hommes auront expié, un homme nous en débarrassera et qu’alors une paix éternelle s’installera sur Irskaa. Peut-être le moment est-il venu, Orpho ? Peut-être, ajouta-t-il sourdement et une lueur d’espoir brilla dans ses yeux, es-tu cet homme-là ?...

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