L'âme du chasseur by Meyer Deon

L'âme du chasseur by Meyer Deon

Auteur:Meyer, Deon [Meyer, Deon]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-05-24T22:53:23+00:00


23

Elle était naïve en entrant au Cape Times. Toute fraîche émoulue de l’école de journalisme de l’université Rhodes, elle avait le regard brillant et brûlait de mettre en pratique son amour des mots à Cosmo ou Fair Lady, mais était prête néanmoins à faire son apprentissage dans un quotidien. Elle faisait confiance à tout le monde, croyait ce qu’on lui disait et regardait avec de grands yeux émerveillés les célébrités qu’elle croisait lors de son train-train journalier.

Mais le désenchantement n’avait guère tardé, ni spectaculaire ni soudain. Les vérités mesquines avaient pris le dessus petit à petit sans qu’elle s’en rende compte. Elle avait découvert que les gens étaient peu fiables, malhonnêtes, égocentriques, égoïstes, traîtres, violents, sournois. Qu’ils mentaient, trichaient, tuaient, violaient et pillaient, quels que soient leur statut, leur nationalité ou leur couleur. Ç’avait été un processus graduel, mais souvent traumatisant pour quelqu’un qui ne jurait que par le bien et la beauté.

Miriam Nzululwazi et Emmanuel, le cireur de chaussures, affirmaient avec conviction que Mpayipheli était un homme bon. La ministre en avait dressé un tableau bien différent, la tragédie du soldat jadis loyal mais qui avait mal tourné. Très mal tourné.

Où était la vérité ?

Le véritable Thobela pourrait-il se lever, s’il vous plaît ?

La seule façon de découvrir la vérité, elle le savait, était de continuer à chercher. Continuer à poser des questions et séparer le bon grain de l’ivraie.

Finalement, Nic lui avait transmis les coordonnées d’Orlando Arendse.

— Essaie toujours, mais ça ne sera pas facile, avait-il ajouté.

Elle avait commencé à appeler, un numéro après l’autre.

— Orlando qui ? lui répondait-on sans exception.

Elle débitait son histoire à toute vitesse sans reprendre son souffle, avant qu’on mette fin à la communication : c’était au sujet de Thobela Mpayipheli, elle cherchait simplement des informations, elle protégerait sa source.

— Vous devez vous tromper de numéro, ma petite dame.

— Bon, dans ce cas, quel est le bon numéro ?

On raccrochait et elle passait au suivant.

— Je m’appelle Allison Healy, je travaille pour le Cape Times, je voudrais parler à M. Orlando Arendse, je vous garantis la confidentialité absolue…

— Où avez-vous eu ce numéro ?

Prise à l’improviste, elle avait failli lâcher : « C’est la police qui me l’a donné », mais se reprit à temps.

— Je suis journaliste, c’est mon travail de dénicher les gens, mais s’il vous plaît, c’est à propos de Thobela Mpayipheli…

— Désolé, vous faites erreur.

Elle appela les cinq numéros sans succès, frappa le bureau du plat de la main tant elle était frustrée, puis sortit fumer une cigarette sur le trottoir, tirant de courtes bouffées coléreuses. Tenter la menace ?

— Si Arendse refuse de me répondre, je parlerai de lui et de ses activités dans chaque article que j’écris sur le sujet. À vous de voir.

Non. Mieux valait réessayer.

Comme elle tendait la main vers son agenda, le téléphone sonna.

— Vous voulez parler à Monsieur O ?

Une seconde durant, elle se sentit perdue.

— Qui ça ? demanda-t-elle avant d’ajouter à la hâte : Oh, oui, oui, je veux lui parler.

— Vous voyez le squelette de baleine bleue au muséum ? Soyez-y à treize heures.



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