L’Aventure de Pierre Sermondade by Eugène Dabit

L’Aventure de Pierre Sermondade by Eugène Dabit

Auteur:Eugène Dabit [Dabit, Eugène]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nouvelles, Art, Société, Littérature française, 20e
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2023-11-18T00:00:00+00:00


UNE HEURE AVEC EUGÈNE DABIT

par Frédéric Lefèvre

Eugène Dabit est né à Paris, le 21 décembre 1898. Ses parents, des ouvriers, habitaient Montmartre. L’enfant allait courir sur les talus des « forts », près de la poterne du Poteau. Avec le paysage de la zone et la banlieue qu’il découvrait de ses fenêtres, c’était toute sa campagne. Il fréquentait régulièrement l’école communale, et, le jeudi, musardait dans son quartier. « J’en connaissais bien, nous dit Dabit, les rues profondes, noires, mal pavées, les avenues lumineuses, les carrefours ; et parfois, j’y faisais des découvertes. J’étais sensible aux drames qui y naissaient. Mais trop jeune pour les comprendre et en souffrir. Lorsque je regagnais notre maison, avec joie je retrouvais mes parents. Je n’imaginais pas que la vie pût être autre. » Dabit quitta l’école et travailla. Brutalement il fit la connaissance des hommes. Il découvrit un autre quartier que le sien : le vieux quartier du Marais et les bords de la Seine. À l’atelier, la journée de dix heures. Repos le dimanche, et, chaque année, huit jours de vacances. « Ma vie se dessinait, encore un an et je serais compagnon. Plus tard, peut-être, pourrais-je m’établir ? »

De ces rêves, rien ne devait rester. La guerre éclata. La maison fut fermée. Dabit dut chercher ailleurs du travail. En décembre 1916, un peu par ennui de l’existence qu’il menait, un peu par curiosité et goût de l’aventure, il s’engagea. Bientôt il monta au front. Il y resta jusqu’en novembre 1918. Il fut démobilisé enfin.

Sèchement résumée, cette histoire est celle de tant d’adolescences ouvrières, et, entre autres, celle dont Petit-Louis nous fait le confident. Je le dis à Eugène Dabit qui secoue la tête.

« On peut trouver, me répond-il, beaucoup d’éléments autobiographiques dans mon livre, mais l’acceptation de Petit-Louis qui fut celle de beaucoup, sa foi, au moment du retour, dans un bonheur que les événements devaient rendre encore impossible, n’était pas la mienne. Presque à mon insu, j’avais été atteint de mille façons par ces années. J’étais incapable de reprendre mon existence d’autrefois. Simplement parce que je me refusais à subir certaines lois, parce que je voulais les rejeter ou les comprendre.

— Ainsi vous reveniez différent. Vous sentiez grandir en vous le désir d’une vie spirituelle plus intense. Que fîtes-vous alors ?

— Au front, je dessinais. À mon retour, je fréquentai les cours du soir, puis des académies de peinture. J’obéissais à une vocation qui me tenait depuis l’enfance. J’étais plein de bonne volonté et d’illusions. Mes parents m’aidaient à vivre ; je faisais des travaux de décoration. Mais je ne trouvais pas dans la peinture ces possibilités d’affranchissement et d’action dont j’avais rêvé ; il me semblait – et il me semble encore aujourd’hui, en dépit des tentatives désespérées des peintres surréalistes – que cet art, tel que nous le comprenons maintenant, ne s’adressait qu’à un cercle d’amateurs ou d’initiés, et que, par conséquent, en m’y livrant, il m’était impossible de servir et de me mêler activement aux hommes. Certes



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.