LA VOIX DE MON PÈRE (Biasotto) (French Edition) by Matthieu Biasotto

Auteur:Matthieu Biasotto [Biasotto, Matthieu]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: HUBERT PROD
Publié: 2018-05-19T22:00:00+00:00

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Le café est plein à craquer, Pascal n’est pas encore arrivé, mais dès que Patricia se présente, on lui trouve une table.

— Bonjour, je m’appelle Patricia Doustin, j’arrive de Paris, je suis une amie de Pascal…

Pascal, la clé du sésame. Le patron du café, un ami de trente ans qui transforme en or tout ce qu’il touche. L’âme du lieu n’a pas changé. Le bar occupe le centre de l’espace et la bière coule à flots. Lumière ambrée, musique rock à fond, ça fait partie de l’adrénaline qui vous prend des pieds à la tête quand on vient s’encanailler ici. Une scène a été installée et des affichettes annoncent Impro Caf Conc’ tous les jeudis. Pascal a du charisme, il le sait, il en joue et c’est un bonheur de le voir arriver, son éternel blouson sur son jean trop moulant, inimitable jusque dans sa façon d’apercevoir Patricia comme s’il la croisait sur la lune.

— PA-TRI-CIA ?!!

Elle éclate de rire.

— Qu’est-ce que tu fais ici, bichette ? Tu ne m’as pas appelé, je chante ce soir, tu veux venir ? Viens, on va boire un verre ! Stéphane, deux bières ! Attends, faut que je règle un truc. Denis !

Il appelle un type à quinze mètres qui miraculeusement se retourne. Il hurle, la main en porte-voix :

— Tu as l’ampli de la guitare ?

— Bon, j’ai besoin de retrouver un confrère de mon père : Guillaume Van Wielen, et un journaliste dont les initiales sont L.C.

— Léonard Cohen ! dit-il en se marrant. Attends, j’appelle mon associé. Allô, Dominique ? Tu peux regarder pour moi si tu trouves le téléphone ou l’adresse de… ?

Il lui fait signe de répéter.

— Guillaume Van Wielen. Et un journaliste aussi ! Quel journal… ?

— La Libre !

— Et un journaliste qui travaille à La Libre et signe L.C. De quand l’article, quel sujet ?

— Aujourd’hui en page trois : un article sur Béatrice Delaminck.

— Béatrice Delaminck ? Qu’est-ce qu’elle fout dans La Libre ?

— Tu la connais ?

— Eh bien, remets-toi ! dit-il, mi-figue mi-raisin. Qu’est-ce qui lui est arrivé à Béatrice ?

— Elle est morte, je l’ai vue tomber du quatrième étage de son appart’.

Mais qu’est-ce qui lui a pris ? Pourquoi elle le lui a dit ?

— Elle est morte ?! Quand ça ? Pirlouit, t’as La Libre d’aujourd’hui ? crie-t-il au serveur derrière le bar.

La photo se détache en page trois, il lit l’article.

— Qu’est-ce que tu foutais dans les parages ? lui demande-t-il.

— J’ai appris des trucs sur mon père… Béatrice l’avait bien connu.

— Mais comment ça se fait que tu l’aies vue tomber ?

— Je sortais de chez elle, je buvais un verre au café d’en face, je l’ai vue tomber.

Pascal la scrute.

— Arrête, on dirait un flic !

Il saisit son bras.

— Tu y es allée, aux flics ?

— Qu’est-ce qui te prend ? Tu me fais mal, arrête !

— Écoute-moi bien, cette femme était dangereuse. Qu’ils ne s’approchent plus jamais de toi.

— Mais qui ça, « ils » ?

— Si tu mets un pied dedans, tu es foutue.

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