La Ville Où Les Morts Dansent Toute Leur Vie by Pierre Pelot

La Ville Où Les Morts Dansent Toute Leur Vie by Pierre Pelot

Auteur:Pierre Pelot [Pelot, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2013-04-09T20:00:00+00:00


11

Ce qui s’appelle une belle fille. Ma fille.

Bien sûr que je l’ai su à la seconde, à l’instant où je l’ai vue s’encadrer dans cette sacrée porte par où le monde entier se déversait depuis un moment à la file et à n’en plus finir.

Évidemment, qui pouvait-elle donc être, sinon cette fille terriblement prodigue annoncée ?

Si elle avait des airs de ressemblance avec moi, avec moi son père, ça ne m’a pas frappé – ni sur le moment ni ensuite, jamais. Avec sa mère non plus. Sur ces fibres-là, rien n’a joué. Mes fibres personnelles et celles, aussi, que j’aurais pu faire miennes par procuration et contumace.

Elle était de taille dite moyenne, fine, pas plus épaisse que ça. Un visage aux pommettes hautes et marquées, un menton carré posant l’ovale du visage, creusé d’une fossette verticale. Des yeux immenses d’un vert glauque d’étang, sous la frange brute de cheveux noirs. Je n’ai pas les yeux verts, et même si ç’avait été le cas d’Évelyne, comment aurais-je pu m’en souvenir après avoir croisé ce regard-là ? Un regard choc qui vous tue au premier coup de faux. À la seconde, Léonore, j’ai su dans le profond de tes yeux de folle cet orage à jamais allumé qui te grondait sous la peau, te brûlait dans le crâne. Je l’ai su, Léonore. Que je m’écroule si je mens.

Une sorte de casquette en laine multicolore comme trempée dans plusieurs pots de teinture, la visière tordue et rabattue. Un imper en matière plastique luisante, que pourtant la pluie ne semblait guère avoir touché, qui achevait la superposition très syncrétique de son attifement. Pantalon multipoche couleur de vieux fer qui sortait en bouffant de ses bottes à revers frangées avachies… À la main un sac de voyage qu’elle tenait par les poignées et qui traînait au sol, la sangle d’épaule négligée…

Ton regard vert est passé sur moi, ne laissant qu’un frisson sous sa griffure, il s’est posé sur Jack et Jack a pâli, les lèvres de Jack ont tremblé. Comme choquée, redevenue douloureusement sérieuse.



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