La Ville Intemporelle Ou Le Vampire De Barcelone by Francisco González Ledesma

La Ville Intemporelle Ou Le Vampire De Barcelone by Francisco González Ledesma

Auteur:Francisco González Ledesma [Ledesma, Francisco González]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782841724123
Google: ppOrOwAACAAJ
Amazon: 2841724123
Éditeur: l'Atalante
Publié: 2007-01-01T23:00:00+00:00


27

LA MAISON DES OMBRES

La rue Baja de San Pedro concentre l’histoire de la ville, de ses petits commerçants, de ses cours sombres et des couples qui ont égaré leur tendresse dans un livre de comptes, entre débit et crédit. Les fiancées s’étiolent aux fenêtres, connaissant chaque rayon de soleil, et l’on apprend aux enfants que le gris, quelquefois, peut être couleur d’espérance.

Marta Vives observa l’immeuble.

Étroit et en pierre, il avait été rénové, sans doute au début du XXe siècle, avec un enduit qui avait noirci depuis. La pierre originale était visible au milieu des zones écaillées et l’herbe avait poussé, miraculeusement, dans deux ou trois fissures.

Il était flanqué de deux édifices plus modernes et légèrement plus solennels, où l’on décelait des signes de vie : un pot de fleurs à un balcon, un rideau mû par le vent, du linge à un fil. Les entrées étaient ténébreuses, puits sans fond qui plongeaient jusqu’au mystère des ans. Occasionnellement, une enseigne de bar égayait tout ce gris ; peut-être qu’un soir les jeunes découvriraient ces lieux, comme ils l’avaient fait pour le quartier du Borne, aujourd’hui à la mode, mais pour l’heure les clients avaient le regard dans le vague et n’avaient rien découvert, apparemment, pas même leur propre vie.

On remarquait vite que la maison à deux étages menaçait ruine. Les squatters n’avaient même pas osé s’y établir.

Personne n’avait dû pousser cette vieille porte depuis de longues années, même si un employé de la mairie devait l’examiner de temps en temps pour attester que les propriétés municipales n’avaient pas disparu sous terre.

Marta devait entrer, mais comment ? Elle devait d’abord adopter un air naturel, comme si elle travaillait à la mairie.

Elle avait apporté un crochet mais son maniement ne lui était pas familier. Un déshérité du Raval dont elle s’occupait dans l’association de quartier lui avait vaguement appris à s’en servir, sans connaître ses intentions. Elle passa donc à la pratique, feignant d’agir ainsi en toute légalité. Peut-être aurait-elle de la chance.

Elle en eut.

La porte céda à la seconde tentative. La serrure était ancienne mais graissée, un agent municipal devait la vérifier de temps en temps. Elle se trouva devant un trou noir, comme la gueule d’une bête endormie.

Et elle se rappela ce qu’elle aurait mieux fait d’oublier : l’histoire de cette maison et de l’évêque dont le cadavre n’était jamais ressorti. Il valait mieux peut-être ne pas ajouter foi aux racontars de ce vieil érudit à moitié fou.

Sait-on jamais ?… Parfois, des gens vivant seuls sont retrouvés momifiés dans leur chambre où plus personne ne pénètre car ils ont disparu des mémoires. Les grandes villes recèlent de ces secrets ou dissimulent dans leurs sous-sols des sépultures insoupçonnées. Si le prêtre était mort dans les profondeurs de la maison – qui, sûrement, possédait des caves –, il se pouvait fort bien que l’employé municipal n’ait rien remarqué lors de la réquisition des lieux, hâtive et routinière. Néanmoins, dans les pièces intérieures, au-delà des escaliers étroits, on observait les restes d’un faste révolu.

Par



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.