La terre endormie by Arcadius

La terre endormie by Arcadius

Auteur:Arcadius [Arcadius]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
ISBN: néant
Éditeur: Hachette
Publié: 1961-01-01T05:00:00+00:00


X

Par les fenêtres brisées du Palais du Louvre, le fracas d’une joie sauvage débordait. Toute la soldatesque de Mathias y campait depuis le premier jour.

Dans la grande salle qui recelait l’épée de Charles X, une table immense, vraisemblablement arrachée à un des musées nationaux, occupait toute la longueur. Des soldats ivres et des filles excitées mangeaient dans de la vaisselle d’or pillée dans les réserves ; des pièces splendides, des vases de cristal gisaient brisés sur le sol.

Devant la désolation de la capitale, tous les sbires s’étaient enfermés dans le Palais : ces âmes frustes, épouvantées par la terrible solitude qui régnait dans les rues, avaient éprouvé un pressant besoin de compagnie et de joie et s’y étaient réfugiés.

Dès leur arrivée, ils avaient fait des razzias sur les demeures les plus opulentes, amoncelant dans ces lieux des tapis, des étoffes, du mobilier, des vivres et des boissons de toutes sortes.

Parmi les fauteuils renversés, Konrad somnolait, indifférent au fracas environnant. Un sourire vague aux lèvres, les yeux mi-clos, il tenait à peine une coupe de champagne en bronze ciselé par Benvenuto Cellini.

« Eh bien, Konrad, tu dors ? » lança une voix tonitruante qui dominait sans effort le tumulte.

N’obtenant pour toute réponse que quelques mots inintelligibles, bredouillés d’une voix pâteuse, celui qui l’avait interpellé, un grand diable aux yeux curieusement en amande, se leva et s’approcha de Konrad.

« Tu roupilles ? insista-t-il en le secouant.

— Qu’est-ce que je tiens comme biture, geignit Konrad.

— Mon cher capitaine, bouffonna l’autre, il vous faudrait prendre l’air ! Allons, lève-toi, on va aller se balader. On étouffe ici ! »

D’une poigne solide, il mit Konrad sur ses pieds.

« Quinze jours qu’on est là, bougonna-t-il. Et les autres, ils viennent avec nous ?

— Oui, on va leur dire de venir… Miguel, Pablo ! Vous venez ? On sort rigoler un peu. »

Se frayant un passage à travers la cohue, Konrad, Miguel et Pablo sortirent de la salle et dégringolèrent les escaliers quatre à quatre.

Essoufflés, ils s’assirent au pied d’une statue grecque qui ornait le vestibule.

« On est un peu plus tranquille ici, fit Pablo.

— Espérons qu’ils ne vont pas toutes les tuer, les filles, dit Konrad en écoutant le tumulte qui faisait rage au-dessus de leurs têtes, où irait-on ? Plus de postérité !

— Trêve de palabres, tonna Konrad.

— T’as raison ! fit Miguel. Allez, les gars, remuez-vous un peu… On croirait que vous ne vous rendez pas compte des événements. On croupit dans cette baraque depuis quinze jours ! Sortons ! Allons voir du pays et laissons-les faire la java, ça leur rafraîchit les idées ; nous, on va respirer directement l’air frais !

— Oui, approuva Konrad, laissons-les, ces péquenots, dans leur crasse ! Ils bousillent tout sans délicatesse ! Ils crèveraient la Joconde comme une simple toile de Bouguereau, sans faire la différence, ces sagouins… Tandis que nous… Ah ! nous… Nous savons ce que nous détruisons. Quand je démolis le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, je jouis pleinement de mon acte… Comme dirait le cher



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.