La Slovène (French Edition) by Cédric Charles ANTOINE

La Slovène (French Edition) by Cédric Charles ANTOINE

Auteur:Cédric Charles ANTOINE [ANTOINE, Cédric Charles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller et suspense, Accident d’avion, Slovénie, Femme sauvage, Tableau ancien, Héritage, Voyage en train
ISBN: 9791094383186
Publié: 2017-03-31T22:00:00+00:00


Les véhicules cellulaires, encadrés par deux voitures noires non siglées, quittèrent les faubourgs de Belgrade et empruntèrent les grands axes vers l’ouest. Au programme, un trajet de 500 kilomètres…

Goli Otok

Yougoslavie, août 1952

Au cœur de la nuit estivale, le convoi roulait depuis plus de six heures, juste une halte, le temps d’intervertir les chauffeurs. Dans le noir, les prisonniers souffraient de leur position. Impossible de s’allonger ou d’étendre les jambes. Les poignets étaient ciselés par les menottes et le va-et-vient perpétuel causé par le relief de la route. Zilka s’endormait par intermittence, mais sa tête ne cessait de se cogner contre la paroi en tôle. Les minutes paraissaient des heures. Plus aucune parole ne filtrait entre eux. Toutes les conjectures sur la destination avaient été formulées. En définitive, personne ne savait où ils étaient conduits.

À 6 h 30, les véhicules se garèrent au milieu d’une forêt, le long d’un axe secondaire, à l’ombre des grands arbres. L’été était caniculaire, 23 degrés au lever du jour. Les gorkistes n’avaient ni bu ni mangé depuis la veille au soir. Les gorges étaient desséchées. Le moteur se coupa, des portières claquèrent. Des individus entamèrent une discussion à l’extérieur, difficile de comprendre ce qu’ils disaient. Soudain, la porte arrière s’ouvrit. Deux soldats armés grimpèrent. L’un d’eux tenait une outre d’eau reliée à un tuyau. Il la maintenait en pression sous son bras. Il longea la travée centrale et commença par le fond. Chacun eut droit à sa goulée de flotte tiède. Un par un, comme des oisillons déshydratés, ils ouvrirent la bouche. Juste quelques giclées maladroites, pas plus, et au suivant. Une des femmes réclama une autre gorgée. La réaction fut violente, un coup de crosse dans le genou. Elle hurla de douleur. Un homme du groupe insulta le bourreau. On le détacha, il fut jeté dehors et rossé. Ses compagnons, restés à bord, entendirent des cris déchirants, semblables à ceux d’un enfant à l’agonie. Quand le captif remonta dans le fourgon, l’aspect de son visage avait changé, la moitié de ses dents étaient tombées, sa mâchoire semblait décrochée. Aucun son. Son corps était mou, ses jambes ne le portaient plus, sans doute le coma. Les soldats le rattachèrent. Sa nuque bascula sur le côté, un filet de bave rouge coula entre ses lèvres tuméfiées. Les gardes refermèrent la porte et le convoi reprit la route.

Cet épisode les horrifia. Ils comprirent qu’à partir de ce jour ils ne seraient plus considérés comme des êtres humains. On ne les regardait plus, on ne leur parlait plus, seulement des injonctions et des coups. À la moindre intervention, ils étaient frappés. L’ordre par la terreur, la soumission par la douleur, un conditionnement pavlovien destiné à les mater, à les déchoir de leur dignité. Aucune distinction entre les hommes et les femmes, un régime identique.

Quatre heures plus tard, l’intérieur ressemblait à une étuve. L’odeur de pisse mélangée à la sueur stagnait en vase clos. Le soleil cognait fort, les parois les brûlaient. Zilka sentit le malaise monter, une gerbe de vomi s’éclata sur ses chaussures.



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