La Saint-Barthélemy n'aura pas lieu by Joël Schmidt

La Saint-Barthélemy n'aura pas lieu by Joël Schmidt

Auteur:Joël Schmidt [Schmidt, Joël]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fait maison, Historique, Littérature Française, Lu, SF
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2010-12-31T23:00:00+00:00


XII

L’ère des Assemblées

Louis XVI n’ignore pas qu’un certain nombre de protestants intransigeants, ne supportant pas de vivre sous une monarchie absolue, même calviniste, ont pris sous Louis XIV et Louis XV la route de l’exil vers d’autres pays européens. Pour les inciter à revenir dans leur mère patrie, il fait publier, en décembre 1790, un décret d’apaisement à leur égard : « Toutes personnes qui, nées en pays étranger, descendant en quelque degré que ce soit, d’un Français ou d’une Française expatriés pour cause de religion, sont déclarés naturels français et jouiront des droits attachés à cette qualité s’ils reviennent en France, y fixent leur domicile, et prêtent le serment civique. » Bon nombre de protestants, notamment dans l’année qui suit, obtempèrent aussitôt, venant en particulier de Prusse et de Suisse : parmi eux, on compte l’écrivain et homme politique Benjamin Constant.

À la Constituante succède l’Assemblée législative, à laquelle les Français envoient de nouveau comme députés nombre de protestants de tout premier plan qui siégeront également à la Convention nationale. La plupart sont francs-maçons, notamment les trois quarts des pasteurs députés, comme Antoine Court, Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne ainsi que son frère Pommier, Jeanbon Saint-André et Boissy d’Anglas, sans oublier Jean-Paul Marat. À cette époque, le Grand Maître de la franc-maçonnerie n’est autre que le duc d’Orléans, cousin de Louis XVI et père de Louis-Philippe, sans que cela heurte la conscience protestante nationale. Nombre de catholiques sont également francs-maçons ; ce n’est que bien plus tard, avec la fondation du Grand Orient de France en 1877, que la franc-maçonnerie prendra une tournure anticléricale et notablement athée.

Au sein de cette Assemblée législative qui se divise rapidement entre Montagnards radicaux et Girondins partisans d’une monarchie fédérale, dont beaucoup sont originaires de Bordeaux et du quartier protestant des Chartrons, on remarque le négociant montpelliérain et avocat à Uzès Antoine Allut, représentant du Gard, homme d’une grande culture et encyclopédiste qui se range au côté du parti girondin, ainsi que Joseph Pierre Cambon, également négociant de Montpellier, qui représente l’Hérault. Éminent spécialiste des finances et des impôts qui sera à l’origine, avec le négociant Jean Pyere et d’autres, de l’émission des fameux assignats et de la création du Grand Livre de la dette publique, il siège donc sur les bancs de la Montagne et se montre farouche partisan du séquestre des biens des catholiques absolutistes qui, suivis par quelques membres de la noblesse, se sont exilés en Autriche ou en Espagne. La crainte qu’éprouve l’Autriche de voir cette révolution de velours submerger la vieille Europe est entretenue par Marie-Antoinette, qui a abandonné ses enfants pour rejoindre son frère Léopold II à la cour d’Autriche, et par les deux frères du roi Louis XVI, les comtes de Provence et d’Artois, réfugiés à Coblence dès juillet 1789 comme Louis XVI les y avait incités. Les filles de Louis XV, tantes du roi, avaient quant à elles rejoint l’Espagne où elles s’étaient converties au catholicisme : seule Madame Élisabeth, sœur du roi, était restée auprès de son frère.

Cambon



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.