La route des mortes by Franck Linol & Joël Nivard

La route des mortes by Franck Linol & Joël Nivard

Auteur:Franck Linol & Joël Nivard [Linol, Franck & Nivard, Joël]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française, Policier
ISBN: 9791035306403
Éditeur: Le geste noir
Publié: 2020-03-04T23:00:00+00:00


Chapitre 18

Rendez-vous avait été pris à 23 h au pied de la tour Zizim, sur l’esplanade, dont les arbres commençaient tout juste à se colorer d’un vert tendre. Mais si la journée avait été douce, la nuit restait fraîche.

Le père de Leyla Ozkan était toujours convaincu de la culpabilité de son compatriote Barhi Yldiz pour le meurtre de sa fille. En outre, les deux hommes se détestaient. Une rancœur qui remontait à l’arrivée d’Yldiz à Bourganeuf en 1980 et à sa fulgurante ascension de mécréant qui boit de l’alcool, qui profite et abuse des femmes. Mais qui se la joue « musulman intègre ».

Ozkan jalousait la réussite du patron de l’entreprise florissante « Anatolie S.A. Débardage et bûcheronnage ». Yldiz méprisait ce « pauvre » Ozkan qui avait trimé toute sa vie dans les forêts du Plateau à se casser le dos. Pour au bout du compte toucher une pension misérable qui peinait à faire vivre sa famille.

Et puis il y avait la discorde – et le mot était faible – à propos de l’attitude harceleuse du patron turc.

Leyla se plaignait souvent du comportement de cet homme trop vieux pour elle, sournois et, à certains égards, repoussant.

Son père, qui refusait la relation amoureuse de sa fille avec le toubib de l’hôpital, restait attaché aux traditions du pays. Ce sont les parents qui cherchent un prétendant pour leur fille, le mariage n’unissant pas deux personnes, mais deux familles. Certes, Leyla, sous l’influence de l’école et des valeurs de son pays d’accueil, montrait des velléités d’indépendance et de liberté. Mais son père lui avait dit que jamais il n’accepterait le risque de « perdre son honneur » au cas où sa fille serait dépouillée de sa « pureté » avant le mariage. La question de la sexualité étant taboue, son père s’était contenté d’allusions, de sous-entendus souvent obscurs pour mettre en garde Leyla.

Barhi voulait sa fille pour « assouvir ses besoins sexuels ». C’est ce qu’il pensait. Et Barhi était un « chien » ou pire, un « domuz »… un sale porc.

Pourtant un dicton turc disait qu’un « mauvais des nôtres est préférable à un bon des autres »…

Yldiz, lui, lançait à qui voulait l’entendre que le père Ozkan lui avait manqué de respect en lui refusant sa fille et qu’il avait été même jusqu’à le molester. Le saisir au col, en place publique, devant la communauté.

Bref, il fallait crever l’abcès. À la loyale. C’était ce soir, sous les réverbères de l’esplanade.

Ozkan était accompagné de cinq hommes. Des anciens bûcherons, solides, durs à la souffrance et hardis face au danger. Des hommes habitués à travailler dans les matins glacials, armés de leur tronçonneuse face à des géants de dix tonnes. Ils avaient en commun une haine partagée du patron qui manquait de respect au patriarche de la communauté.

Ce soir, entre leurs doigts noueux, ils tenaient des barres de fer et des pieds-de-biche.

À 23 h 10, la Mercedes noire d’Yldiz se gara au pied de l’esplanade.

Il était accompagné de quatre types qui bossaient pour lui.



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