King's Game Spiral by Nobuaki Kanazawa

Auteur:Nobuaki Kanazawa [Kanazawa, Nobuaki]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Thriller
Éditeur: Lumen
Publié: 2016-04-06T22:00:00+00:00

LYCÉE SIMON

ORDRE N°10

JUIN 2009

Jeu. 19/06, 00:00

La lecture de ce nouveau message du roi me fit frissoner. D'instinct, comme si on pointait une lame à faible distance de mes prunelles, j'appliquai mes deux paumes sur mes paupières. Elles me faisaient mal.

Je m'imaginais mes yeux se briser en mille morceaux, jusqu'à être réduits en poussière. Je repensai à la tendreté d'un globe oculaire et me dis que n'importe qui pouvait le broyer avec facilité.

L'ordre était: "Vous devez extraire les deux globes oculaires de leurs orbites à l'un de vos camarades de classe." L'objectif n'était donc pas de les percer, juste de les arracher...

J'ai une idée!

La tête baissée, j'esquissai un affreux rictus qui devait sans doute me déformer le visage.

Si je trouve un cadavre, récupérer ses globes oculaires me sera facile. Ceux de Misuzu, que je viens de tuer, par exemple. Misuzu, tu vas donc m'être utile à la fois pour les ordres 9 et 10! Je t'en suis reconnaissante au possible! Et voilà... Une nouvelle partie de moi s'est déformée.

Kentarô n'avait pas encore vu le nouvel ordre. Et à quoi bon lui en parler? Il semblait perdu dans une autre dimension, abattu au point de n'avoir aucune envie de lire ses messages.

Il ressassait des paroles dénuées de sens, comme: "Je vais décider moi-même du chemin que je vais suivre", ou "Donnez-moi de la lumière."

Rien de très étonnant dans notre situation.

Je vais de ce pas récupérer tes yeux, Misuzu. Ces organes qui permettent de capter la lumière... De toute façon, tu n'es plus qu'un cadavre, alors tu n'en auras rien à secouer qu'on te vole tes globes oculaires!

Je suis le dieu de la mort. J'emporte tout sur mon chemin. Pour survivre, un individu doit faire des victimes.

Kentarô restait prostré sur le sol, comme vidé de ses forces. Je le tirai par le bras pour le forcer à se relever, puis je retournai au pas de course vers le cadavre de Misuzu.

Une demi-heure plus tard, je me retrouvai à l'endroit où j'avais assassiné ma camarade, face qu poteau électrique qui avait fendu son crâne. Mon téléphone m'indiqua l'heure: 00h32.

Je scrutai les alentours. Pas de cadavre de Misuzu.

– Mais où est-elle passée? Me demandai-je à voix haute. Tiens, qu'est-ce que c'est?

Je me frottai les yeux avant d'observer le sol, couvert de larges traces, comme si un corps avait été traîné. Je fis asseoir Kentarô, toujours apathique, puis entrepris de suivre seule la piste du cadavre, toujours sur mes gardes.

Les traînées de sang continuaient sur une cinquantaine de mètres avant de s'interrompre à hauteur d'un énorme tas de fumier.

Là, on faisait pourrir des excréments afin d'en faire du lisier. La surface du tas d'immondices était teintée de rouge. J'imaginai qu'on avait dû y enfouir le corps de Misuzu.

– Mais qui a pu commettre un acte aussi atroce? Transformer un corps humain en engrais?

– Qui sait? Lança une voix mauvaise dans mon dos. Elle m'insupportait. Je fis volte-face pour découvrir Maï, debout dans l'obscurité, un sourire figé sur les lèvres.

J'aurais aimé qu'elle crève. Mais, dans les films ou les romans, les méchants survivent toujours jusqu'à la toute fin.

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