La République radicale ? (1899-1914) by Madeleine Rebérioux

La République radicale ? (1899-1914) by Madeleine Rebérioux

Auteur:Madeleine Rebérioux
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2014-06-14T16:00:00+00:00


Taux de profit global des sociétés concessionnaires au Congo

(d’après C. Coquery-Vidrovitch, le Congo au temps des grandes compagnies concessionnaires, 1898-1930, Paris, Mouton, 1972, p. 510.)

Or le taux de profit de plusieurs de ces compagnies se situe, de 1903 à 1911, entre 25 et 38 %. Les actionnaires en bénéficient d’autant plus qu’elles ne procèdent à aucun auto-investissement. Seule une politique de contrainte rigoureuse, ruineuse pour la vie des populations et pour la survie des ressources naturelles — notamment le caoutchouc — permet d’obtenir de tels résultats. Dès avant la guerre ils s’effondrent. Cette économie de traite et de pillage était évidemment fort éloignée des soucis de rentabilité régulière qu’éprouvaient en métropole les dirigeants des grandes firmes industrielles et bancaires.

Le passéisme destructeur des compagnies concessionnaires nous informe sur le caractère routinier, précapitaliste, qu’a pu revêtir la « mise en valeur de l’empire ». Il ne saurait pourtant suffire à la définir. Dans les années qui précèdent immédiatement la guerre, les monopoles bancaires et industriels commencent à pénétrer en plusieurs points de l’empire. L’exploitation des mines de Hongay fournit de magnifiques bénéfices à la Société française des charbonnages du Tonkin et les plantations d’hévéas, d’abord localisées près de Saigon sur les terres grises où des fonctionnaires placent leurs économies, progressent à partir de 1911 vers les terres rouges du Vietnam central, où investissent les sociétés capitalistes soutenues par la Banque d’Indochine. Ces vastes entreprises exigent dès le début une main-d’œuvre que le recrutement local ne suffit pas à fournir. Les problèmes de l’après-guerre sont déjà posés. Ils le sont aussi en Algérie où, le 16 octobre 1913, le gouvernement général signe avec la Société de l’Ouenza une convention qui lui remet l’exploitation de la minière. La convention prévoit que 20 % du capital de la société seront réservés à des banques françaises, à des métallurgistes français. Et le reste ? Krupp est à l’arrière-plan et les socialistes ont beau jeu de dénoncer, en janvier 1914, un gouvernement qui livre les richesses algériennes au capitalisme allemand : la concurrence entre grands trusts peut se muer en compromis.



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