La République bourgeoise by Denis Woronoff & Woronoff Denis

La République bourgeoise by Denis Woronoff & Woronoff Denis

Auteur:Denis Woronoff & Woronoff Denis
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2013-06-14T16:00:00+00:00


4. Les affaires

Une circulation malaisée.

L’incertitude monétaire et la rareté des produits pesaient sur le commerce, sans toutefois l’asphyxier. A l’intérieur, la circulation des marchandises était perturbée par l’étroitesse du crédit, la dégradation des transports et l’insécurité. D’autre part, la guerre continentale et maritime entravait les échanges traditionnels avec l’étranger. Pourtant, les besoins de l’économie et la perspective de profits élevés soutenaient des formes variées de négoce, quitte à modifier la nature des produits et l’orientation des courants.

Le manque de crédit nuisait à la reprise des affaires. En l’absence de circuits spécialisés d’escompte, l’argent demeurait cher. Selon la tradition d’Ancien Régime, des maisons de commerce faisaient à certaines de leurs pratiques le service de banque, mais à des taux atteignant souvent 2 et 3 % par mois. La loi du 26 germinal an II interdisant les compagnies financières avait été abrogée le 21 novembre 1795. En outre, à l’hiver 1795-1796, Ramel avait sollicité l’avis de divers marchands « sur le besoin de quelques lois et de quelques établissements en faveur du commerce ». Si l’idée d’une banque avait été retenue, la conférence s’était séparée sans avoir pu se mettre d’accord sur les modalités. Un groupe de banquiers et d’industriels (Perrégaux, Fulchiron, Gros-Davillier, Van Robais, etc.) avaient fondé, le 29 juin 1796, une « Caisse des comptes courants » qui escomptait le papier à trois mois d’échéance. Créée le 24 novembre 1797, la « Caisse d’escompte du commerce » avait d’abord limité son escompte à ses seuls associés. Ses promoteurs en vinrent à proposer au marché des « actions hypothécaires » gagées sur les biens immobiliers des actionnaires. Ce système élargissait les capacités d’escompte en utilisant la garantie de capitaux fonciers. Des préoccupations analogues se faisaient jour au « Comptoir commercial », établissement contemporain de la Caisse d’escompte du commerce. Mais, quelles que fussent les innovations, ces institutions, comme leurs devancières, réservaient leur escompte à un cercle étroit de privilégiés. En province, la situation était pire. Une poignée de banques anciennes ou nouvelles (des négociants fondèrent, par exemple, au printemps 1798, la « Société générale du Commerce de Rouen ») ne parvenaient pas à répondre aux besoins des milieux d’affaires. La plupart des commerçants devaient tenter de prendre pied sur la place de Paris ou de trouver, auprès de prêteurs isolés, un crédit pas trop usuraire.

Le délabrement des routes fournissait un autre souci d’inquiétude. Au vrai, la dégradation n’avait pas été subite, mais le Directoire payait pour dix ans ou presque d’inertie. Selon les Conseils généraux, la France n’offrait plus, en l’an VIII, que « des pavés amoncelés ou des fossés boueux, des voitures fracassées, des voyageurs meurtris… » Dans certaines régions de montagne (Isère, Ariège), la situation paraissait catastrophique ; l’effondrement de ponts obligeait à de nombreux détours mais l’on signale des difficultés analogues en Sarthe et en Alsace où même les routes principales devenaient impraticables en temps de pluie. Le droit de passe avait pour objet d’améliorer cet état de choses. En dehors du mécontentement qu’il suscita, son résultat le



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