La révolution, tome 2 : les autels de la peur by Robert Margerit

La révolution, tome 2 : les autels de la peur by Robert Margerit

Auteur:Robert Margerit [Margerit, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
ISBN: 9782752900548
Publié: 2011-12-20T08:53:34+00:00


XXII

Le mardi 4, les massacres duraient toujours. Ils se transportaient à la Salpêtrière, à Bicêtre, racontait-on. L’opinion s’indignait mais la population, effrayée dans son grand nombre, demeurait passive. Les autorités sans autorité ne faisaient rien. La presse approuvait, Marat en réclamant de nouvelles hécatombes étendues à toute la France, Gorsas en déclarant que les patriotes exerçaient leur justice. Le 3, Roland avait écrit à l’Assemblée nationale : « Hier fut un jour sur les événements duquel il faut peut-être jeter un voile. Je sais que le peuple, terrible en sa vengeance, y porte encore une sorte de précaution, il ne prend pas pour victime tout ce qui s’offre à sa fureur, il la dirige sur ceux qu’il croit avoir été trop longtemps épargnés par le glaive de la loi, et que le péril des circonstances lui persuade d’immoler sans délai. » Roland poursuivait non sans courage : « Mais je sais qu’il est facile à des scélérats d’abuser de cette effervescence, et qu’il faut l’arrêter ; je sais que nous devons à la France entière la déclaration que le pouvoir exécutif n’a pu ni prévoir ni empêcher ces excès ; je sais qu’il est du devoir des autorités constituées d’y mettre un terme, ou de se regarder comme anéanties. Je sais encore que cette déclaration m’expose à la rage de quelques agitateurs. Eh bien, qu’ils prennent ma vie. Je ne veux la conserver que pour la liberté, l’égalité. Si elles étaient détruites, soit par le règne des despotes étrangers, soit par l’égarement d’un peuple que l’on abuse, j’aurais assez vécu ; mais jusqu’à mon dernier soupir j’aurai fait mon devoir. Voilà le seul bien que j’ambitionne, et nulle puissance sur la terre ne saurait me l’enlever. »

C’est la brune Manon qui avait inspiré à son mari ce courage. « Il convient également à la justice et à la sûreté, lui avait-elle dit. On ne réprime l’audace qu’avec la fermeté. Si la dénonciation de tels excès n’était pas un devoir, elle serait encore un acte de prudence : leurs instigateurs doivent vous haïr, car vous avez accompli tous vos efforts pour les entraver. Il ne vous reste qu’à leur en imposer en vous faisant craindre. »

Manon voyait très justement la situation. Elle se trompait toutefois sur un point, en imaginant que les sans-culottes venus assiéger le ministère obéissaient aux ordres de Danton. C’étaient des fédérés impatients de partir pour la Champagne, et qui, désespérés de ne pouvoir obtenir des armes, en réclamaient partout, à cor et à cri. En vérité, si Roland conservait encore sa liberté et sa vie, il le devait à Danton. Celui-ci avait, dans la nuit, retenu les mandats lancés par Marat, maître du Comité de surveillance, contre Roland et contre Brissot. Danton voulait en finir avec cette guerre intestine des partis révolutionnaires. Comme Claude, il désirait l’union entre tous les patriotes. Avec lui, il était allé voir l’ambigu Pétion qui, publiquement, donnait sa bénédiction aux tueurs, et en revanche écrivait à Santerre de mobiliser contre eux la garde nationale : à quoi le brasseur faisait la sourde oreille.



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