La révélation de Noël by Anne Perry

Auteur:Anne Perry [Perry, Anne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier historique
Éditeur: 10/18 Grands Détectives
Publié: 2011-12-20T18:33:31+00:00

Emily ne trouva pas l’occasion de parler à Susannah en tête à tête avant l’heure du thé, pendant laquelle Daniel préféra monter dormir, souffrant encore de ses contusions et blessures et se sentant submergé par la fatigue, sans parler de la tristesse. Elle n’avait pas beaucoup réfléchi à la solitude qu’il devait ressentir, à ce deuil sur lequel il ne pouvait mettre aucun nom ni visage et qui le laissait face à un vide abyssal.

Emily et Susannah s’installèrent au coin du feu avec du thé et des scones, accompagnés de beurre, de confiture et de crème. Emily regrettait les flammes dansantes qui jaillissaient d’un feu de bûches ou de charbon, mais elle s’était habituée à l’odeur terreuse de la tourbe.

Elle raconta à sa tante la matinée à l’église, puis son retour avec Daniel, sans oublier de mentionner les questions qu’il lui avait posées et comment celles-ci avaient perturbé ses pensées, l’amenant à mieux comprendre ce qu’avait voulu dire le père Tyndale à propos de Connor Riordan.

L’air sombre et troublé, Susannah demeura un long moment immobile sans répondre.

— N’est-ce pas en fait pour cette raison que vous vouliez que je sois là ? demanda gentiment Emily en se penchant un peu en avant.

Se montrer aussi directe lui déplaisait, mais elle ne savait pas de combien de temps elles disposaient pour poursuivre cette conversation.

— En vérité, j’avais écrit à Charlotte, dit Susannah sur un ton d’excuse. Mais c’était avant que Thomas me dise que tu l’avais beaucoup aidé au début toi aussi. Je suis désolée. Nous n’avons pas de temps à perdre en politesses et faux-fuyants.

— Non, convint Emily. J’ai besoin de votre aide. Souhaitez-vous me l’apporter ? Sinon, tombons d’accord pour ne rien faire.

— Ne rien faire… Un tel comportement me semblerait de la faiblesse, de la malhonnêteté…

— Ou de la discrétion ?

— Dans ce cas, ce serait plutôt un euphémisme pour lâcheté, observa Susannah.

— De quoi avez-vous peur ? Que le coupable soit quelqu’un que vous appréciez ?

— Naturellement…

— Savoir de qui il s’agit ne vaut-il pas mieux que de suspecter tout le monde ?

Même à la lueur des chandelles, Susannah était d’une extrême pâleur.

— Sauf si c’est quelqu’un qui m’importe particulièrement.

— Comme le père Tyndale ?

— Ça ne peut pas être lui, affirma aussitôt Susannah.

— Une personne qu’Hugo aimait bien ? Ou qu’il protégeait ?

Sa tante esquissa un sourire.

— Tu crois que j’ai peur que ça n’ait été lui, dans l’intention de protéger le village de l’œil inquisiteur de Connor ?

— N’est-ce pas le cas ?

Emily rechignait à le formuler ainsi, mais une fois la question posée, toute dérobade serait en soi une réponse.

— Tu ne connaissais pas Hugo, répondit doucement Susannah, la voix pleine de tendresse.

On aurait dit que les années écoulées depuis sa mort s’étaient effacées et qu’il venait de sortir de la maison pour aller faire un tour.

— Mais ce n’est pas de ma peur que tu parles, ma chère Emily, c’est de la tienne.

— De la mienne ? répéta Emily d’un air incrédule. Peu m’importe

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