La Porte Des Songes by John La Galite

La Porte Des Songes by John La Galite

Auteur:John La Galite [Galite, John La]
La langue: fra
Format: epub
Tags: 2016-02-03T13:25:20.833000-04:00 JF
Publié: 2012-06-05T22:00:00+00:00


3

Sur Silom, Saï saute dans un tuk-tuk. C’est à la gare routière de Morchit qui dessert le nord du pays qu’elle se fait conduire. Elle achète chez un vendeur ambulant une tranche de pastèque. Elle la mange sous un arbre, près d’un petit un autel rouge et jaune, orné d’enluminures et d’un tas de guirlandes en plastique. Mais il y a également des colliers de vraies fleurs. À l’intérieur, des figurines aux couleurs vives ont été rassemblées ; danseurs, guerriers, mais aussi des chevaux et des éléphants.

Devant l’autel, un jeune garçon vend des oiseaux. Il en a six à l’intérieur d’une cage. Saï n’en a jamais vu de pareils. Ils ne sont pas très gros, la taille d’un moineau peut-être ; les plumes sur leur poitrail ont une couleur verte, mais celles de leurs ailes est marron.

-Tu les vends combien ? demande-t-elle.

Le jeune garçon sourit. Ses dents de devant sont écartées, comme s’il lui en manquait une partie.

-Quinze bahts pièce.

-Je te les achète à dix bahts pièce, tous les six, propose-t-elle.

Le garçon se gratte la tête en faisant la grimace.

-D’accord, mais sans la cage. Où tu vas les mettre ?

Saï lui tend trois billets de vingt bahts.

-Voilà, dit-elle.

Elle s’agenouille, ouvre la porte de la cage et glisse la main. Contre sa paume, le cSur de l’oiseau qu’elle a saisi bat tellement vite.

« Comme le mien, tout à l’heure, dans la bibliothèque », songe-t-elle.

Elle approcha l’oiseau de son visage, lui parle à voix basse. Puis, elle ouvre la main. L’oiseau s’échappe. Elle le suit des yeux, et c’était comme si elle aussi s’enfuyait au-delà des arbres, de la ville, vers la maison au bord de la rivière où elle vivait avec son père.

Le dernier oiseau envolé, Saï est allée s’asseoir sur un banc, un de ceux où son père passait ses nuits. D’un coup, un rai de lumière réfléchi par la façade en vitres d’une tour voisine, traverse l’espace dans un angle impossible. Éblouie, Saï cligne des yeux. Des souvenirs remontent. Elle se rappelle. Son père n’était plus à Chiang Mai, il était à Krung Thep, il cherchait du travail. En sortant de l’école, une silhouette avait surgi devant elle, lui barrant le chemin. Saï avait le soleil dans les yeux, et il avait fallu quelques secondes pour qu’elle reconnaisse le plus jeune des deux policiers qui les avaient interrogés.

-Ton père est loin. Dis-moi maintenant où il l’a enterrée, lui avait-il suggéré.

Saï tremblait de la tête aux pieds.

-C’est dur d’assister à ce genre de spectacle et je comprends que tu ne veuilles pas te souvenir. Ne pas dénoncer un crime, c’est puni par la loi. Si tu refuses de dire la vérité, tu finiras en prison.

Il était venu semer le doute, l’incertitude, la peur, dans l’espoir de récolter une réaction, un mensonge, n’importe quoi.

-Non, avait-elle crié d’une voix qui vibrait d’émotion. Je n’ai rien vu et mon père ne l’a pas tuée !

Elle voulait s’enfuir. Ses jambes refusaient d’obéir. Le policier avait haussé les épaules.

-On finira par trouver son cadavre ou ses restes, et on saura que c’est ta mère parce qu’on a un échantillon de ton sang.



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