La Pologne : Histoire, société, culture by Daniel Beauvois

La Pologne : Histoire, société, culture by Daniel Beauvois

Auteur:Daniel Beauvois
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La Martinière
Publié: 2015-12-14T23:00:00+00:00


3. Le travail organique

(1864-1905)

Se résigner, durer, espérer

Après l’insurrection et la répression qui s’abattit sur le pays, une nouvelle vague d’environ dix mille réfugiés polonais vint s’installer en France et en Europe. D’origine noble pour les trois quarts, ces exilés durent très souvent accepter un travail manuel ou servir dans les armées. Le cas le plus symbolique de leur irrédentisme est celui du général Jaroslaw Dabrowski, un des chefs de la Commune de Paris, tué en 1871.

Une bonne part des nouveaux émigrés fut récupérée par l’ancien clan de l’hôtel Lambert, qui restait responsable de la prestigieuse Société historique et littéraire, avec sa riche bibliothèque, ainsi que des écoles polonaises des Batignolles et de Montparnasse. Wladyslaw Czartoryski, fils du prince Adam, régnait sur ce monde, conscient de sa supériorité aristocratique, et évitait les héritiers de la Société démocratique polonaise où Jozef Hauke-Bossak et Walery Wrôblewski faisaient figure de dangereux agitateurs.

L’idée d’une légion polonaise en Italie contre l’Autriche en 1866, puis aux côtés de la France, en 1870, contre la Prusse, eut encore du succès dans cette gauche toujours pénétrée du romantisme héroïque dont L.

Mieroslawski restait la figure emblématique. Ses éléments les plus radicaux publièrent un moment une revue en français, Le Peuple polonais. Dans l’esprit de la Première Internationale, ils croyaient encore en un slavisme qui leur aurait permis de collaborer avec les révolutionnaires russes de

Londres. De leur côté, L. Bulewski et J. Hauke-Bossak, animateurs d’un Cercle républicain, attendaient plutôt une aide des hommes de Mazzini, car, depuis le Congrès slave qui s’était tenu à Moscou en 1867, l’idée panslaviste était récupérée par les conservateurs russes. Le poète Tioutchev y avait déclaré les Polonais « Judas du monde slave » et la représentation de l’opéra Ivan Soussanine, ou la Vie pour le tsar y avait tourné au délire antipolonais.

La défaite de Napoléon III en 1870 (au cours de laquelle Hauke-Bossak fut tué en défendant Dijon), puis celle de la Commune à laquelle prirent part quelques centaines de Polonais, dont des dizaines d’officiers et trois généraux portèrent un coup sévère à cette gauche. Parmi ceux qui échappèrent au peloton d’exécution, ou au bagne de Nouvelle-Calédonie, certains se réfugièrent en Angleterre, où Wrôblewski noua des contacts avec Marx. D’autres s’installèrent à Zurich, où s’organisa une Société de la social-démocratie polonaise, plus tard social-révolutionnaire qui fut, entre 1872 et 1876, proche de l’anarchisme de Bakounine puis du marxisme, avec les journaux genevois Rôwnosc (L’Égalité), Przedswit (L’Aube), puis Walka Mas (La Lutte des classes). En 1881, Boleslaw Limanowski commença à se séparer de ces internationalistes sur la question nationale. Son groupe, qui édita à partir de 1889 le journal Pobudka (Le Réveil), devait bientôt donner naissance au Parti socialiste polonais.

Ces échecs semblaient cependant repousser la solution de la question polonaise à un avenir très lointain. Les émigrés modérés eurent en général le dessus. Agaton Giller insistait sur la nécessité de maintenir une cohésion entre les tronçons qui s’éloignaient inéluctablement les uns des autres. Son idée de constituer un Trésor national à partir de cotisations permit, en



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