La piste des Cherokees by Steve Frazee

La piste des Cherokees by Steve Frazee

Auteur:Steve Frazee [Frazee, Steve]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Western
Éditeur: Champs-Elysées
Publié: 2012-01-27T20:37:52+00:00


CHAPITRE XI

Aux abords de l’établissement, Bushrod rencontra un garçon maigre en chemise de peau trop grande. Il gardait un petit troupeau, surveillant le bétail de l’ombre d’un arbre où il était assis, un mousquet à côté de lui. Il considéra Bushrod avec curiosité.

— Je crois pas vous avoir déjà vu dans le coin, dit-il.

— Je ne suis jamais venu par ici.

— Alors ça doit être pour ça.

Le gamin sourit. Il avait l’accent de la Caroline, et le type des montagnards de là-bas, grand, ossu, une figure taillée à coups de serpe qui révélait clairement une ascendance irlando-écossaise.

De la tête, Bushrod désigna le village.

— Il y a un poste de troc, ici ?

— Chez mon père. Jake Mac Gillivray. Il est tavernier. Qu’est-ce que vous voulez échanger ? demanda le gamin en examinant le fusil.

— Sûrement pas le fusil, répliqua Bushrod en riant. Vous avez eu des ennuis avec les Indiens, ces temps-ci ?

— Que non ! Pas depuis le massacre de Bryan’s Station. Nous les avons bien battus, par chez nous.

— Ah oui ?

Bushrod repartit.

— Jake Mac Gillivray ! lui cria le gamin. Vous ne pouvez pas vous tromper. Et dites un peu à mon papa de ne pas oublier de me faire porter à manger !

— Je le lui dirai.

Lexington était un peu plus grand que l’établissement de la Barren, et situé dans un paysage beaucoup plus découvert, plus beau, plus riant. Bushrod se dit que cette terre grasse devrait permettre de faire pousser autre chose que de l’herbage.

En approchant, il eut nettement l’impression que ce village était bien implanté et pour longtemps, ce qu’il n’avait jamais pensé de l’établissement de la Barren. Du bétail broutait près des cabanes en rondins. Il vit un groupe d’enfants qui jouaient avec un arc et des flèches shawanees. Ils le regardèrent avec curiosité et se remirent à leur jeu.

Une grande branche de sapin au-dessus de la porte servait d’enseigne à la taverne de Mac Gillivray. Bushrod entra. Des marchandises s’entassaient derrière un comptoir longeant un des murs. Dans un coin, il y avait un tonneau de whisky avec dessus des gourdes de différentes tailles.

Un homme rougeaud aux épaules massives comme une enclume se tenait derrière le comptoir. Il était couronné d’une épaisse tignasse noire et son nez évoquait une pomme de terre germée.

— Bienvenue chez Mac Gillivray ! tonna-t-il.

Bushrod cligna des yeux. Il y avait un autre homme dans la salle, assis sur un petit fût devant une table en planches, à côté de la cheminée. Il serrait dans sa main une gourde vide et considérait le nouveau venu d’un œil vitreux.

— Posez votre fusil sur les chevilles au-dessus de la porte, mon frère, dit Mac Gillivray. Le premier coup est gratuit.

— Je ne suis-pas venu pour boire.

Mac Gillivray n’eut pas l’air d’avoir entendu. Il se tourna vers le gros tonneau.

— Grande ou petite gourde, ou moyenne ?

— Ma foi, puisque c’est gratuit, j’aime autant la grande.

L’homme près de la cheminée abattit son poing sur la table.

— Pour moi aussi, Jake, une grande !

— Tais-toi, Rafe, grogna le tavernier.



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