La Naufragée marseillaise by Patricia LAURENT

Auteur:Patricia LAURENT [Patricia LAURENT]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Humour, Roman, Littérature sentimentale
Éditeur: Feedbooks
Publié: 2012-01-15T00:00:00+00:00

Chapitre 3

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Le samedi en question arriva à une vitesse fulgurante. En définitive, l’idée d’une escapade ensoleillée la réjouissait. Alis s’était levée dès l'aurore avec d’honorables résolutions. La chaleur était étouffante. Maggie l’attendait, comme prévu, à deux pas de la préfecture, vaste édifice orné de statues dont la façade principale s’élevait sur trois étages. Dès qu’elle l’aperçut, Maggie lui adressa de grands signes de la main. Cette dernière l’étreignit avec ferveur, et lui planta un baiser sonore sur chaque joue.

Maggie devait son prénom à un amant de passage de sa mère. En réalité, elle s’appelait Marguerite. Rien que pour ça, mère et fille se chicanaient sans cesse, même si elles restaient inséparables.

Ses hauts talons rendaient ses jambes d’une longueur interminable. Aucun détail ne manquait à sa tenue. Ses lèvres s’étirèrent en une moue moqueuse.

— Alis. Salut, vieille chipie. Pourquoi ce noir, tu es en deuil ?

Cette dernière esquissa une grimace, agacée. Elle, aussi, y avait pensé !

— Plus pour très longtemps, mon saint patron m’a versé une prime vestimentaire.

— Ah oui ?

Alis hésita à s’expliquer, certaine d’être, une fois de plus, raillée.

— Si je fais un effort pour m’habiller, il ne s’en plaindra pas.

Un sourire révélateur illumina les traits de son amie. Sa beauté, digne d’un mannequin, s’accentua. Cette même beauté lui valait des déboires amoureux successifs. Les hommes ne semblaient voir que cela en elle. Et non, son optimisme, sa loyauté, son humour et sa gentillesse. Rien que ça !

Sa voix chantante, un rien ironique, troubla ses pensées.

— Moi, non plus. Se balader à Marseille avec un corbeau¼

— Sympa, la copine. J'imaginais que tu allais me remonter le moral !

— Je souhaiterais surtout te dissuader de te déguiser comme un épouvantail à moineaux¼bou !

Alis marcha sans prêter attention à ces derniers commentaires. Elles se dirigèrent rue Saint Ferréol, plus grande rue piétonne de la ville. Des magasins de prêt-à-porter se succédaient, établis, pour la plupart, dans de beaux bâtiments. L’artère était déjà envahie par une foule compacte. Si Alis ne trouvait rien, elles écumeraient la Provence, à genoux s’il le fallait, jusqu’à découvrir l’ensemble chic et sexy capable de faire tomber David à la renverse ! Avant, elles décidèrent d’un commun accord de regagner la rue Paradis, bordée de boutiques de luxe et d’hôtels particuliers. Elles marchèrent d’un bon pas. Une débauche de plaisirs pour les accros du lèche-vitrines comme Maggie, et un marathon d’enfer en perspective pour Alis, avec ses presque trois kilomètres. Celle-ci aurait tout donné pour fuir la foule, pressée de dénicher l’affaire indispensable. Elles finirent par s’arrêter face à une devanture. Des vêtements d’été et leurs accessoires étaient mis en valeur. Maggie mit ses lunettes de soleil en guise de serre-tête avant d’examiner son reflet dans la vitrine, prenant soin de rectifier son rouge à lèvres.

— Tes cheveux, aussi, en ont rudement besoin.

Pour prouver ses dires, elle s'empara d'une mèche ondulée.

— Regarde. Les bouts sont cassés.

Alis retint un soupir d'agacement, récupérant la mèche au passage.

— Je sais, maugréa-t-elle.

— Comment est-il ?

Les prunelles noisette d’Alis s’écarquillèrent de stupeur, puis son visage se renfrogna.

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