La mort, sa vie, son oeuvre by Clive Barker

La mort, sa vie, son oeuvre by Clive Barker

Auteur:Clive Barker
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Fantastique
ISBN: 2290042021
Éditeur: J'ai lu
Publié: 1985-01-01T05:00:00+00:00


La dernière illusion

Ce qui se passa à ce moment-là – lorsque le magicien, après avoir hypnotisé le tigre en cage, tira sur la corde qui fit tomber une douzaine d’épées sur la tête de l’animal – fut le sujet de nombreuses discussions animées, à la fois au bar du théâtre et sur les trottoirs de la 51e Rue, une fois achevé le spectacle de Swann. Certains prétendirent avoir vu le bas de la cage s’ouvrir durant la fraction de seconde où tous les autres regards étaient braqués sur les lames en train de tomber, et affirmèrent avoir vu le tigre s’éclipser pour laisser la place à la femme en robe rouge qu’on avait soudain découverte derrière les barreaux laqués. D’autres proclamaient avec une égale vigueur que l’animal ne s’était jamais trouvé dans la cage, qu’il ne s’était agi que d’une image projetée que l’on avait éteinte au moment où la femme avait surgi d’une trappe dissimulée sur la scène ; tout ceci, bien sûr, à une vitesse qui avait aisément confondu ceux dont l’œil n’avait pas été assez rapide et soupçonneux pour apercevoir le truc. Et les épées ? La nature du subterfuge qui les avait métamorphosées en pétales de roses quelques secondes seulement après le début de leur chute alimenta de nouvelles discussions. Les explications allaient de la plus prosaïque à la plus sophistiquée, mais rares étaient ceux qui n’avaient pas quelque théorie à défendre en quittant le théâtre. Et leurs débats ne s’achevèrent pas sur le trottoir. Ils continuèrent de plus belle dans bon nombre de restaurants et d’appartements new-yorkais.

Le plaisir que l’on retirait des illusions suscitées par Swann était, semblait-il, double. Premièrement : le spectacle lui-même – cet instant où le spectateur retenait son souffle et où son incrédulité était, sinon suspendue, du moins reléguée au fond de son esprit. Et deuxièmement, quand le moment était passé et quand la logique reprenait le dessus, la discussion pour savoir comment le tour de prestidigitation avait été réussi.

— Comment faites-vous, Mr. Swann ? demanda Barbara Bernstein avec impatience.

— C’est de la magie, répondit Swann.

Il l’avait invitée dans les coulisses afin qu’elle examine la cage du tigre pour voir s’il n’y avait pas un défaut dans sa construction ; elle n’en avait trouvé aucun. Elle avait également examiné les épées : elles étaient mortelles. Et les pétales de roses embaumaient encore. Pourtant, elle insista :

— Oui, mais vraiment…

Elle s’approcha de lui.

— Vous pouvez me le dire, dit-elle. Je vous promets de n’en souffler mot à personne.

Il lui offrit un sourire indolent en guise de réponse.

— Oh, je sais…, dit-elle, vous allez me dire que vous avez prêté serment ou quelque chose de ce genre.

— C’est exact, dit Swann.

— … Et qu’il vous est interdit de révéler les secrets de votre profession.

— Ma seule intention est de vous faire plaisir, lui dit-il. Ai-je échoué ?

— Oh non, répondit-elle sans un instant d’hésitation. Tout le monde parle de votre spectacle. Vous êtes la coqueluche de New York.

— Non, protesta-t-il.

— C’est vrai, dit-elle. Je connais certaines personnes qui donneraient tout pour pénétrer dans ce théâtre.



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