La messagère by Godard Jocelyne

La messagère by Godard Jocelyne

Auteur:Godard, Jocelyne [Godard, Jocelyne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: historique
ISBN: 9782352260011
Éditeur: Le Sémaphore
Publié: 2010-10-04T04:40:09+00:00


Guillaume qui restait toujours très sobre en de pareilles circonstances, préférant ne rien boire et conserver la tête froide, laissa ses hommes rire et se détendre devant leur gobelet de vin ou de cervoise. Puis, avisant que les mines les plus austères s’étaient relâchées, car il savait que certains de ses barons rechignaient à laisser filer une partie de leur fortune en armes, en chevaux, en vaisseaux et en hommes sans garantie de succès, il reprit les débats.

En règle générale, quand rien ne venait contrecarrer ces longues discussions, il gardait un ton calme et mesuré. Le poing qu’il frappait de temps à autre sur la table ne faisait que rappeler un ordre qu’il ne voulait point voir discuter. La question de la construction des vaisseaux ayant été mise au point, il aborda celle du matériel de guerre.

— Montfort, Giffard, Montgommery, Mortemer, Varennes ! Réquisitionnez tous les armements nécessaires pour des milliers de cavaliers et de fantassins. Broignes, hauberts, gambisons, camails, jambières. À ceci vous joindrez les épées, les lances, les flèches, les haches et les simples couteaux.

— En considérant les pertes durant les batailles, il en faut dix fois plus que d’hommes. Où veux-tu les prendre, Guillaume ? s’enquit Roger de Mortemer.

— Là où vous les trouverez, c’est-à-dire partout !

— Guillaume ! intervint Gauthier Giffard, le jeune seigneur de Longueville, le célèbre et impétueux avant-garde des armées normandes, tu sais bien que trouver des hommes est moins compliqué que de trouver des armes. Les hommes, nous les aurons. Ils se laisseront emporter par le rêve du gain des victoires. Mais la plupart d’eux ne disposera même pas d’un solide couteau de combat. Inutile de parler des casques, des boucliers et des cottes ! Et si notre rôle est de convaincre tous les petits seigneurs, chevaliers, châtelains et hobereaux de Normandie et des pays avoisinants, combien d’entre eux disposeront d’un équipement pour se battre ?

— Que me racontes-tu là, jeune chacal ? dit Guillaume en riant. Chacun sait qu’on peut en confectionner par milliers. Que l’on fasse besogner tous les forgerons, les mailleurs(5) et les artisans armuriers.

— Et qui paiera ?

Certes, Guillaume attendait ce moment précis où il devrait promettre puissance et richesse à ses barons et à ses évêques.

— Mes amis, dans un premier temps et comme il se doit dans toutes les expéditions guerrières, c’est à vous de financer ces dépenses. Vous serez dix fois remboursés lorsque nous serons les maîtres de l’Angleterre.

Il leva sur eux les yeux et perçut la question qui s’imprimait sur leurs lèvres, mais personne ne la posa. Pourtant à ces mots qu’il devinait : « Et si nous perdons l’Angleterre ? » à ces mots qui pouvaient en ajouter d’autres plus terrifiants encore : « Et si tu perds aussi la Normandie ? », il poursuivit calmement :

— Chacun de vous se verra attribuer des terres anglo-saxonnes, des domaines, des châteaux, des titres et biens divers.

— As-tu envisagé le pillage ?

C’était Wadar qui, de sa voix grave et profonde, avait jeté cette éventualité. Par



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