La Maison Vogel by Geneviève Senger & PCA

La Maison Vogel by Geneviève Senger & PCA

Auteur:Geneviève Senger & PCA
Format: epub
Tags: Roman
Éditeur: Calmann-Lévy
Publié: 2012-12-31T16:00:00+00:00


Pendant ce temps, Julien Vogel et José finissaient de ranger la cuisson de la journée dans les boîtes en fer-blanc.

Ils étaient heureux. Enfin, presque.

Le pain d’épicier se demandait avec inquiétude ce qu’il pourrait bien inventer pour surprendre sa clientèle.

Il lui restait un peu de temps : le Christkindelmärik, place Broglie, à Strasbourg, n’ouvrait ses portes que le premier dimanche de l’Avent.

1. Poêle en faïence.

3

Le général Leclerc

Si la pénurie continuait à sévir en cette fin d’année 1946, aussi bien en France que dans toute l’Europe, et plus encore en Allemagne, l’industrie pourtant relevait la tête. Produire était devenu le mot d’ordre, le verbe souverain, l’impératif absolu. Produire, de tout : des machines, des automobiles, des rails de chemin de fer, du charbon, de la potasse, et même des postes de télévision pour les quelques chanceux qui avaient les moyens de s’offrir ce luxe…

Sur les routes et dans les gares, le grand chaos qui avait suivi la fin de la guerre, les grandes migrations de population, retour des prisonniers, rapatriement des déportés, prenait fin. On comptait 600 000 prisonniers de l’armée allemande, parqués dans des camps, pour la plupart.

En Alsace, les prisonniers de guerre retenus en captivité en Russie n’étaient pas tous rentrés. On dénombrait des milliers de disparus, on dressait des listes impressionnantes qui laissaient les autorités russes de marbre.

« Nous ne gardons que les criminels de guerre », rétorquaient-ils aux injonctions du général Keller.

Les Alsaciens en étaient arrivés à la conclusion qu’on se payait leur tête, mais n’osaient pas trop ouvrir la bouche. Boches qu’ils étaient. Et quand on a laissé ses fils partir en uniforme vert-de-gris, main dans la main avec les teutons, on n’a de leçon à donner à personne !

En Alsace, l’épuration continuait de plus belle. La chambre civile, à Strasbourg, distribuait des indignités nationales à tour de bras. Parfois méritées, parfois injustifiées, mais comment faire la part des choses ?

Gottwiller semblait échapper à la vague. Un jour, les secrets remonteraient à la surface des vignes. À Gottwiller comme ailleurs, certains méritaient de passer par la chambre civile. Mais jusqu’à présent, aucun n’y avait été convoqué.

Ce n’était sans doute que partie remise.

Les Alsaciens, en cette fin novembre, avaient du grain à moudre, et du bon grain : le général Leclerc allait, en personne, célébrer les fêtes de la Libération à Strasbourg, le 28 du mois.

Amélie Lambert s’en réjouissait. Elle aussi verrait le grand général, celui qui avait prononcé ce serment, à Koufra, de n’arrêter les combats que lorsque le drapeau tricolore flotterait à nouveau sur la cathédrale de Strasbourg. Sa cathédrale, à elle, qui était née à Strasbourg. Une cathédrale fermée pendant l’annexion, et qui n’avait rouvert ses portes qu’à la Libération. Elle avait réussi à assister à la messe d’action de grâces, elle avait entendu les chuchotements, « lui là-bas, en canadienne, c’est le colonel Malraux, celui de la brigade d’Alsace-Lorraine ». Le sermon avait été prononcé par un aumônier de cette fameuse brigade, Pierre Bockel, un Alsacien originaire de Thann. Un résistant, avait-elle appris. Et qui à présent était aumônier auprès des étudiants.

– Tu viens avec



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