La Haine de l'émancipation. Debout la jeunesse du monde by François Cusset

La Haine de l'émancipation. Debout la jeunesse du monde by François Cusset

Auteur:François Cusset [Cusset François]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Gallimard
Publié: 2023-02-15T00:00:00+00:00


FACE À LA VIOLENCE : LES RUSES DE L’INTELLIGENCE

Les tueries de masse de l’île d’Utoya en Norvège (par Anders Breivik, le 22 juillet 2011) ou de la mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande (par Brenton Tarrant, le 15 mars 2019) ont rappelé à ceux qui en doutaient que le terrorisme d’extrême droite avait de beaux jours devant lui. Mais les néonazis, les « patriotes armés » ou les simples solitaires frustrés qui tirent au fusil d’assaut ou lancent une grenade, du Texas à l’Ontario, d’Allemagne en Espagne, sur des étudiantes s’égayant au soleil, des immigrés faisant leurs courses ou des musulmans fumant la chicha ne sont pas la seule forme – fût-elle la plus spectaculaire, grâce aux images en direct diffusées sur Twitch – des violences qui se multiplient contre les minorités. Loin de là. Des militantes féministes ou antiracistes sont passées à tabac, parfois assassinées – comme l’élue de Rio de Janeiro Marielle Franco, abattue en mars 2018. Le nombre croît chaque année des activistes écologistes pris dans des guets-apens, empêchés d’agir, parfois tués par balles. Ceux qui se contentent de défendre verbalement (mais résolument) les luttes minoritaires reçoivent des menaces de mort à leur domicile et des injures sur les réseaux. On peut contester le terme de violence appliqué au parcours bureaucratique dantesque d’un simple renouvellement de carte de séjour, aux « frotteurs » lubriques du métro aux heures de pointe, aux désastres subjectifs du porno-capitalisme et du narcissisme en réseau. Reste qu’entre les injustices structurelles qu’elles continuent de subir et les passages à l’acte de plus en plus fréquents des suprémacistes, des islamophobes ou des masculinistes, les minorités font face désormais à une brutalité inédite – sans oublier les politiques actives, dans certains États, de ségrégation et d’écrasement de groupes ethniques ou religieux entiers.

C’est pourtant bien de violence, par la censure supposée, le sectarisme ou l’intolérance dénoncés, que les croisés du moment accusent chaque minorité. Certes, des millénaires de relégation des femmes, des siècles d’ethnocide colonial et des décennies de racisme et de sexisme nouveaux ne se concluront pas par une discussion cordiale et un verre de l’amitié : inutile d’attendre des violentés qu’ils demandent gentiment à leurs oppresseurs de bien vouloir arrêter. Mais un pavé antispéciste brisant la vitrine d’une boucherie ou un sit-in collectif bloquant la circulation sont le maximum de violence directe qu’on les voie commettre. L’émeute, bien sûr, est toujours possible, parce qu’elle « est la langue de ceux qu’on n’écoute pas », selon la formule de Malcolm X. Mais les pillages ou les règlements de compte que certains en profiteront pour faire (sans lien avec la lutte politique) ne dureront jamais et seront vite sanctionnés. Plus vite que les caches d’arme ou les ratonnades dont s’enorgueillissent les opposants à « l’islamisation » ou à ce « monde de tapettes ». Quant aux militants cagoulés défiant la police en tête de cortège, ils ont dix fois plus de chance d’être blessés que les forces de l’ordre. Car tous le disent, enseignants de banlieue ou



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