La guêpe rouge by Souvestre et Allain

La guêpe rouge by Souvestre et Allain

Auteur:Souvestre et Allain [Allain, Souvestre et]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-05-01T23:40:41+00:00


14 – ON EN PARLERA

Ce matin-là, une activité inhabituelle régnait dans la boutique de Sunds. C’était, d’ailleurs, le désordre le plus complet. De tous les côtés, il y avait de grosses caisses de bois s’échafaudant les unes sur les autres, à demi éventrées et vomissant d’énormes bottes de paille dont les brindilles s’étalaient sur le sol et le plancher.

Un peu partout, il y avait des objets de toute nature, de toutes tailles, soit posés sur des chaises, soit amoncelés sur des étagères, ou même simplement poussés dans les coins. On avait l’impression qu’il s’agissait là d’une liquidation générale ou alors d’un déménagement.

Le Danois déménageait-il ?

Non, mais c’était tout comme, car il mettait sens dessus dessous son intérieur comme s’il avait eu l’intention de le modifier de fond en comble. À ce moment-là, il pouvait être neuf heures du matin, Sunds était tout seul dans son atelier. Quelques instants auparavant, il avait envoyé son jeune camarade Daniel lui acheter une boîte de clous au bazar le plus proche. Et ce jeune homme mystérieux et nonchalant, comme à son ordinaire, tardait évidemment à revenir au gré de Sunds, car celui-ci s’impatientait, grommelait entre ses dents :

— Assommant, insupportable, ce petit Daniel. Jamais là quand on a besoin de lui.

Sunds, d’ailleurs, sincèrement, reconnaissait :

— Il est vrai que, pour ce que je le paie, je ne puis pas exiger grand-chose.

Sunds, en effet, ne donnait à Daniel que son amitié.

De temps à autre, il l’invitait à déjeuner ou à dîner et lui permettait de coucher dans la soupente voisine de l’atelier. En échange, le jeune garçon lui faisait ses courses, l’aidait de temps à autre dans les besognes difficiles. Mais, malgré l’existence intime que menaient l’artiste et son nouveau compagnon, ils étaient toutefois très éloignés l’un de l’autre, et si Sunds, parfois, avait tenté quelques questions indiscrètes sur l’existence antérieure de Daniel, celui-ci, ou ne lui avait pas répondu, ou l’avait rabroué de la belle façon, lui disant que chacun était libre de vivre à sa guise et que lui, particulièrement, très indépendant de sa nature, prétendait ne rendre de comptes à personne.

Sunds, d’ailleurs, n’avait pas insisté.

Ce matin-là, toutefois, le pacifique Danois était fort énervé. À deux ou trois reprises il jura :

— Quel animal ! Il lui en faut, un temps !

La porte s’ouvrit et Sunds poussa un soupir de soulagement :

— Ah sapristi ! ce n’est pas trop tôt, te voilà donc, gamin ?

Mais une voix, qui n’était pas celle de Daniel répliquait :

— Gamin ? je crois que l’on me flatte ici.

Sunds se retourna et partit d’un grand éclat de rire.

L’individu qui venait de pénétrer chez lui était aussi l’un de ses familiers, mais un bonhomme qui n’avait plus rien du charme et de la grâce appartenant à la jeunesse. C’était le père Bouzille, comme on appelait dans le quartier l’ancien chemineau.

Sunds parut enchanté de le voir.

— Tu tombes bien, dit-il, tu vas me donner un coup de main.

— Ça colle.

— À ce propos, poursuivit Sunds, auquel la dernière phrase du chemineau rappelait quelque chose, à propos de colle, j’ai deux mots à te dire.



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