La grande bastide by Gardi François

La grande bastide by Gardi François

Auteur:Gardi, François [Gardi, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
Éditeur: Julesd - TAZ
Publié: 2013-02-06T16:57:51+00:00


Rencontres

« Je me suis laissé emporter, se répétait François en rentrant à la Grande Bastide. Et voilà… »

Au fond, il ressemblait à Martial. Lui aussi aurait serré les poings. Lui aussi aurait rêvé de sauter à la gorge de l’architecte.

Tchoi, lui, n’en rêva pas longtemps.

Il revint rôder autour de la Fabrique, tôt le matin, ou tard le soir, toujours lorsqu’il faisait nuit, dans l’espoir d’apercevoir la haute silhouette de Paul Martel, coiffé de son haut-de-forme et vêtu de son habit sombre.

« Pourvu qu’il n’en ait pas changé, depuis l’autre jour », se disait-il.

Car il voulait d’abord lui reprendre le billet de Caroline. Il était à lui, après tout ! Et il voulait le tenir dans le creux de sa main, ce morceau de papier sur lequel elle avait écrit « François ». Il voulait voir les lettres de son prénom tracées de sa main. Déjà, chez sa première nourrice, à Cheval-Blanc, il se demandait qui l’avait baptisé. Elle, elle se contentait de l’appeler François. Pour le reste, elle n’avait pas su – ou pas voulu ! – lui répondre. Et c’était le boulanger de Cavaillon qui lui avait lancé un jour, en se moquant : « Amourdieu ? C’est un nom d’enfant trouvé, ça ! » Depuis, il avait toujours préféré son prénom à son nom, qu’il ne pouvait pas prononcer sans avoir mal. Et il lui semblait maintenant qu’il l’aimerait encore plus s’il le voyait écrit de la main de Caroline, de cette main qu’il avait tenue dans la sienne. Il se sentirait alors moins enfant trouvé.

Qu’est-ce qu’il pouvait comprendre à tout ça, l’architecte ? Lui, il connaissait sûrement son père et sa mère. Peut-être vivait-il encore avec eux, puisqu’il n’était pas marié. Sans doute étaient-ils riches, puisqu’ils lui avaient permis d’étudier à Aix ou à Marseille, et même à Paris. Mais tout cela ne lui suffisait pas. Il lui fallait aussi Caroline.

« Non ! Jamais ! »

Quand il aurait repris ce billet, il embrasserait son prénom à elle, qu’elle avait sûrement écrit au bas de la page. Et ce serait déjà comme s’il posait ses lèvres sur les siennes… Comme il se sentirait fort, alors, et capable de vaincre n’importe quel obstacle, n’importe quel adversaire.

François rôda longtemps, sans succès.

Paul Martel ne venait plus très souvent à Villelaure. François l’avait aperçu, une seule fois, juste après la Noël, chevauchant du côté des Iscles, en compagnie du marquis et de Caroline. Il n’avait rien pu faire, alors. Mais il avait remarqué que, depuis, Caroline n’était plus jamais revenue au bastidon. C’était peut-être le marquis qui la retenait au château. À moins que l’architecte y soit pour quelque chose.

Non, François ne voulait même pas y penser. Il préférait l’imaginer prisonnière de cette grande bâtisse plantée au-dessus du village qu’il pouvait apercevoir de la plaine, en levant la tête. Là, au moins, il pourrait la délivrer…

Il décida de monter au château. Il dirait qu’il avait réfléchi à la proposition du marquis et qu’il était prêt à l’accepter. Peut-être apercevrait-il Caroline à sa fenêtre, comme la première fois.



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