La France de la Quatrième République by Jean-Pierre Rioux & Rioux Jean-pierre

La France de la Quatrième République by Jean-Pierre Rioux & Rioux Jean-pierre

Auteur:Jean-Pierre Rioux & Rioux Jean-pierre
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Points
Publié: 2013-06-14T16:00:00+00:00


Le tripartisme reste majoritaire, mais ses divisions désormais étalées au grand jour rendent délicate la formation d’un gouvernement. Au « Bidault sans Thorez » du MRP s’oppose le « Thorez sans Bidault » murmuré par le PCF : seule, malléable, la SFIO peut sauver la mise. Léon Blum accepte de jouer au patriarche sauveur, renonce à l’Union nationale devant la mauvaise volonté des partenaires et constitue le 16 décembre un gouvernement de transition socialiste homogène, qui ne démérite pas dans le domaine social et en politique extérieure. Le 24 novembre et le 8 décembre, les élections du Conseil de la République sont un triomphe pour les deux partis dominants et désormais antagonistes, le MRP et le PCF (62 et 61 conseillers, contre 37 aux socialistes, 25 au RGR et 20 aux indépendants et au PRL). Fort logiquement, un MRP, Champetier de Ribes, en reçoit la présidence contre le communiste Georges Marrane, soutenu in extremis par les socialistes.

Le collège électoral est donc constitué pour élire le président de la République. Le 16 janvier 1947, à Versailles, Vincent Auriol est élu dès le premier tour par 452 voix contre Champetier de Ribes, 242 voix, et Michel Clemenceau, modéré, 60 voix : un socialiste du Sud-Ouest, obstiné et convaincu, voit ses vertus conciliatrices récompensées. D’entrée, il refuse d’être un « président-soliveau » ou un président personnel, et ne dissimule pas ses intentions de veiller scrupuleusement à l’application d’une Constitution qui lui laisse peut-être une marge de manœuvre. Las ! Le 21 janvier, Édouard Herriot lui succède au fauteuil de président de l’Assemblée nationale, renouant avec ses fonctions de l’avant-guerre. Blum remet la démission de son gouvernement, et Auriol désigne son camarade Paul Ramadier, ancien ministre du Ravitaillement. Lequel s’empresse de prendre acte du déclin du tripartisme en constituant un gouvernement d’« accord général » qui adjoint aux trois partis majoritaires les radicaux, l’UDSR et les indépendants ; la solution d’attente est installée. Investi à l’unanimité par l’Assemblée le 21 janvier, Ramadier renoue avec la coutume instituée par Félix Gouin : il accepte le 28 de répondre à des interpellations sur la composition de son gouvernement, lesquelles débouchent sur un vote de confiance suscité par les présidents des groupes de la majorité parlementaire ! Le mauvais pli est pris, dont nul ne songe, en dehors de Vincent Auriol9, à souligner qu’il viole la Constitution. Les partis, même désunis, sont maîtres du jeu.



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