La fortune de gaspard by Comtesse de Ségur

La fortune de gaspard by Comtesse de Ségur

Auteur:Comtesse de Ségur [Ségur, Comtesse de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: - Divers
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


XV

Colère du père Thomas

Gaspard courut chez son père, qui était aux champs ; sa mère était à la ferme.

Gaspard. – Ma mère je viens vous annoncer une grande et bien heureuse nouvelle : M. Féréor veut m’adopter, et je viens par son ordre vous demander votre consentement.

La mère Thomas fut si surprise qu’elle ne put articuler une parole. Gaspard la regardait en souriant et attendait sa réponse.

La mère. – T’adopter ! Devenir le fils de M. Féréor ? Nous renier pour tes parents ? Je ne veux pas, moi. Tu es assez riche par toi-même pour vivre honnêtement sans avoir les millions de M. Féréor. Je te tiens du bon Dieu et je ne céderai mes droits à personne.

Gaspard. – Mais, ma mère, je resterai tout de même votre fils ; c’est pour m’avoir de droit chez lui pour faire ses affaires, qu’il m’adopte.

La mère. – Il peut bien te garder sans t’adopter.

Gaspard. – Certainement, mais il en est plus sûr en m’adoptant.

La mère. – Laisse-moi tranquille ; je ne veux pas, moi, et je refuse.

Gaspard fut bien près de s’emporter ; mais, habitué à se vaincre et à se commander, il contint son irritation et dit avec froideur : « Comme vous voudrez ; la chose se fera tout de même, mais ce sera plus long, et vous m’aurez fait, ainsi qu’à M. Féréor, une offense grave. Où est mon père ? »

La mère. – Aux champs. Prends garde qu’il ne te reçoive à coups de bâton et qu’il ne te chasse à coups de pied.

Gaspard leva les épaules et sortit, un peu inquiet de la réception que pourrait lui faire son père. Il le trouva en chemin, revenant à la maison.

Thomas. – Ah ! te voilà, enfin ? Il y a plus d’un mois que je ne t’ai aperçu.

Gaspard. – Je viens vous annoncer une bonne nouvelle, mon père. M. Féréor, toujours bon et indulgent pour moi, désire m’adopter, et je viens vous demander votre consentement.

Thomas. – Très bien ; tu es en âge de faire à ton idée. Il me restera Lucas, qui a toujours été un bon fils. Quant à toi, tu n’as jamais été ce que je voulais. Voici ta fortune assurée ; tu auras les millions auxquels tu voulais arriver. Adieu, Gaspard ; tu n’as plus besoin de moi, je n’ai pas besoin de toi ; va-t’en chez ton Féréor, et moi je vais m’arranger pour laisser à Lucas toute ma fortune.

Gaspard. – Faites comme vous voudrez, mon père ; j’abandonne très volontiers à Lucas mes droits sur votre fortune, et je suis enchanté qu’il profite aussi des intentions généreuses de M. Féréor.

Le père Thomas s’adoucit devant ces paroles de Gaspard ; il s’attendait à de la résistance, de la colère, et il ne trouvait que douceur et respect.

Thomas. – Écoute, Gaspard, je ne m’oppose pas à ce que tu te laisses adopter par M. Féréor ; tu le considères comme ton bienfaiteur, sois son fils. Moi, je le regarde comme un voleur qui



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