La fleur cachée by Pearl Buck

La fleur cachée by Pearl Buck

Auteur:Pearl Buck [Buck, Pearl]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature américaine, Roman, Chine
Éditeur: Le Livre de Poche
Publié: 1953-07-22T23:00:00+00:00


DEUXIÈME PARTIE

Madame Kennedy était préparée au retour de son fils. La femme du colonel, qu'elle ne connaissait pas, lui avait écrit toute la vérité.

« Laisse-moi écrire à sa mère, avait dit à son mari cette femme avisée. Si c'est toi qui le fais, elle croira que tu veux te débarrasser de son fils parce qu'il tourne autour de moi. »

La femme du colonel écrivit à Mme Kennedy qu'elle avait l'âge d'être la mère d'Allen et qu'elle agissait pour le bien du garçon, en se mettant à la place de sa mère. C'était un jeune officier d'avenir — le bras droit du colonel — et il fallait à tout prix le tirer d'affaire. Le colonel se passerait difficilement de lui, en ce moment de transition où les ordres supérieurs prévoyaient des changements importants, mais il était prêt à faire ce sacrifice.

Votre fils a une telle nature d'élite, écrivait la femme du colonel, qu'il ne faut pas employer avec lui les méthodes habituelles. On ne pourrait détourner son attention en lui parlant de week-ends ou de distractions. En homme du Sud, imbu d'esprit chevaleresque, votre fils se montre courtois même envers une Japonaise. Il la prend naturellement pour une jeune fille de bonne famille à qui on ne peut proposer que le mariage. Mais je crois qu'il n'a pas essayé une autre formule. Or les Japonais ne demandent qu'il s'installer en Amérique. Ils prennent notre pays pour le paradis terrestre. Si on le compare au leur, ils ne se trompent pas.

En personne réservée, Mme Kennedy avait répondu en exprimant sa gratitude et sa pleine confiance dans le bon goût et le bon sens de son fils ; en somme sa lettre ne l'engageait à rien. La femme du colonel, qui n'était pas réservée et peut-être même pas très distinguée, lut cette réponse avec stupeur. Elle la lança à son mari par-dessus la table :

« Regarde ça ! Veut-elle ou ne veut-elle pas d'une bru japonaise ? »

Le colonel lut attentivement.

« Du diable si j'en sais quelque chose. Laisse cela, va ! De toute façon, Kennedy n'a pas l'intention de revenir. Je vais le remplacer. »

Mme Kennedy montra la lettre à son mari ; puis à Cynthia, en secret, car son mari lui avait recommandé de n'en parler à personne.

« Les gens sont terriblement bavards dans cette ville. Pour l'amour de Dieu, mon chou, lavons notre linge sale en famille. D'ailleurs nous n'avons pas encore entendu le son de cloche du garçon. »

Cynthia ne fit pas de commentaires. Elle aussi lut attentivement la lettre avant de la rendre à Mme Kennedy.

« Les femmes de colonels n'ont-elles pas la réputation d'être...

— Quoi donc ?

— Cancanières, dit enfin Cynthia, à défaut d'un terme plus exact.

— C'est possible, reconnut Mme Kennedy. Mais Allen est un homme. Petit garçon, il était si gentil ! Je pensais qu'il serait toujours différent des autres. Mais non. Il ressemble à son père. Et il vit depuis des années à l'écart de la société normale. J'ai besoin de votre aide, Cynthia. »

Cynthia ouvrit très grands ses yeux bleus :

« Mais naturellement, madame Kennedy.



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