La fin du Yatagan (Kim Carnot) by Jacques Legray

Auteur:Jacques Legray
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pocket>Marabout
Publié: 1969-01-30T05:00:00+00:00

VIII

- Alors, où en sommes-nous ? demanda joyeusement Lord Crosby en franchissant le seuil du petit bureau où Kim Carnot, Behram et McIves étaient penchés sur le parchemin, au milieu d'un chaos de feuilles de papier couvertes de dessins et de notes, sous des piles de volumes anglais, français, allemands et arabes. Des cartes géographiques, dont certaines très anciennes, posaient çà et là des taches de couleur.

Lord Crosby était encore en tenue de voyage. Kim n'eut qu'un bref regard à jeter sur son visage pour comprendre que les nouvelles qu'il rapportait étaient bonnes.

- Nous avons pas mal avancé, mylord, répondit McIves.

C'était un petit homme aux cheveux grisonnants en broussaille, qui aurait pu s'appeler Einstein, n'eût été son type écossais prononcé, le grand nez, le teint coloré et les yeux aux pupilles presque incolores.

- Mais nous ne sommes pas encore au but, ajouta Kim. Nous ne comprendrons probablement tout qu'une fois sur place.

Il marqua une pause pour considérer Lord Crosby.

- Irons-nous, mylord ?

Lord Crosby attira une chaise entre Kim et McIves, posa la main à plat sur le document du « Vieux de la Montagne » qu'il examina d'un air rêveur.

- Je n'ai pas eu à faire de grands discours, Kim. « Vidocq » a été très compréhensif. Je crois même que l'affaire l'amuse. Il y un côté méphistophélique chez « Vidocq ». Cela ne lui déplaît pas de n'avoir pas autre chose à faire que de compter les coups... Parce que, naturellement, s'il vous donne le feu vert, il entend n'être en rien mêlé à votre entreprise, ni de près ni de loin. Vous allez là-bas en cavalier seul, à vos risques et périls.

Lord Crosby laissait peser sur Kim un regard où une certaine anxiété le disputait à l'approbation.

- Voyez-vous, jusqu'ici, quand vous vous croyiez seul, nos services s'arrangeaient tout de même pour garder un œil sur vous, pour vous laisser une petite possibilité d'obtenir de l'assistance.

Une bien petite possibilité, dit Kim avec un sourire. C'est d'ailleurs une règle fort justifiée des services secrets. Si tu réussis, tant mieux pour toi et n'espère aucune récompense. Si tu échoues, ne t'en prends qu'à toi-même.

- Je sais, soupira Lord Crosby. Alors, quand comptez-vous partir ?

Kim désigna le parchemin puis fit un geste du menton en direction de McIves.

- Il semble que ce grimoire nous fixe lui-même la date la plus favorable. Entre le 10 et le 20 août, mylord. À ce moment, nous devrons savoir exactement par où commencer. J'estime qu'il nous faut trois semaines de préparation : rassembler les moyens, mettre au point les méthodes, faire quelques répétitions sur une maquette.

Lord Crosby avait quelque peine à dissimuler sa curiosité.

- Nous allons vous exposer où nous en sommes, mylord, poursuivit Kim. Permettez-moi de vous poser une question auparavant.

- Bien entendu.

- Il est exclu que je puisse opérer tout seul. Est-ce que « Vidocq » consent à mettre également... en congé, les quelques personnes dont je vous ai parlé ?

Lord Crosby fit un signe affirmatif.

- Vous pouvez disposer de votre ami de l'Université américaine de Beyrouth, Harold McGregor.

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