La fin de Gondwana [V2] by Jimmy Guieu

Auteur:Jimmy Guieu [Guieu, Jimmy]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2265057754
Éditeur: Blade et Baker
Publié: 1996-04-19T22:00:00+00:00

CHAPITRE VI

Au même moment Blade, Sherwood et M’Baman arrivaient devant la haute porte aux battants de bronze, pour l’instant rabattus vers l’intérieur, qui s’ouvrait dans la muraille ceignant la cité. Un messager de Ralyan-Neïk était venu les chercher au vaisseau au début de l’après-midi, pour leur annoncer que l’Empereur les autorisait à se rendre en ville. Ils y seraient libres de leurs mouvements, et pourraient parler autant qu’ils le désireraient avec la population – à condition, toutefois, que celle-ci soit d’accord. Laissant Nora sous la garde du Gnekshare, les trois Terriens du XXIVe siècle avaient aussitôt emboîté le pas au petit homme aux cheveux tressés en une spirale dressée à l’arrière de son crâne ; ils avaient hâte de voir d’un peu plus près la civilisation de Gondwana.

Leur guide, à qui ils avaient bien entendu remis une pastille traductrice, se retourna et demanda :

— Par quoi voulez-vous commencer ? Le Cercle des Commerçants ? La Tribune des Justiciables ? Le temple de Zlanya ?

Seul Léopold remarqua le léger raidissement de la nuque de Ronny Blade. Il était rare que celui-ci laissât transparaître ses émotions dans une telle situation, songea l’Africain avec un sourire intérieur. Mais cette fois-ci, il avait trahi imperceptiblement la surprise qui s’était emparée sur lui en entendant ce nom qui ressemblait tant à celui de Zlanilla.

— Pour commencer, le temple fera l’affaire, dit le businessman d’un ton enjoué parfaitement imité. Il se trouve en effet que je suis un grand amateur d’architecture sacrée et symbolique.

Le guide acquiesça et les pria de le suivre. Ils franchirent la porte sous les regards étonnés d’une demi-douzaine d’enfants de tous âges, qui leur emboîtèrent le pas après un instant d’hésitation, étrangement silencieux. Tous étaient proprement vêtus et respiraient la santé, mais ils ne manifestaient pas cette excitation qu’éprouvent en tant ordinaire les enfants face à la nouveauté. Ils paraissaient intéressés, voilà tout. Et il en alla de même pour tous les autochtones que croisèrent les trois hommes venus du futur ; se contentant d’afficher une curiosité muette, ils les regardèrent tranquillement passer, comme si ces étrangers n’étaient qu’une distraction temporaire et sans importance.

Andy Sherwood ôta la pastille traductrice collée sur sa tempe et grommela en Omnia Lingua :

— J’aime pas ça. Tout est trop calme – les gens, tout. On dirait qu’ils pioncent debout !

— Tu exagères, estima Ronny après l’avoir imité.

Ils ne sont peut-être pas très démonstratifs, mais tu noteras leurs yeux vifs et brillants d’intelligence. Ces gens-là ne « pioncent » pas du tout, mon brave Andy !

— D’accord, d’accord, ronchonna l’aventurier en hochant la tête.

Il éprouvait visiblement le désir de poursuivre cette conversation, mais cela aurait sans doute entraîné les trois hommes sur un terrain que Sherwood estimait glissant, car il se tut après avoir émis quelques onomatopées indistinctes.

Quelques secondes furent nécessaires à Léopold pour saisir le véritable sens des paroles de ses compagnons – qui pouvaient paraître banales, mais ne l’étaient pas. En fait, Andy avait suggéré à Blade que les habitants de la ville étaient peut-être

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