La fille qui fredonnait by Jean-Paul Robert

La fille qui fredonnait by Jean-Paul Robert

Auteur:Jean-Paul Robert
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Geste Éditions
Publié: 2019-01-15T00:00:00+00:00


***

Le bureau du lieutenant Georges avait beau être spacieux, il souffrait du même syndrome que l’ensemble des locaux de la gendarmerie, le manque d’entretien. Il s’y manifestait surtout ici par une peinture murale cloquée. Un badigeon défraîchi dont quelques anciens prétendaient qu’il était, à l’origine, d’un pur « jaune pisse ». Avec le temps, il avait pris un ton plus pastel, un vague compromis entre ceux du beurre rance et de la mayonnaise de régime. Avec des câpres, avait ajouté un plaisantin en désignant quelques cloques éclatées qui laissaient apparaître des taches sombres, peut-être la couleur d’origine, celle du dix-neuvième siècle.

Peu sensible à cet environnement sur lequel il n’avait aucun pouvoir, Georges invita Gendron à s’installer face à lui tandis qu’il empoignait son téléphone.

— Elle est où la feuille de congés de Patricia ? demanda-t-il en appuyant sur la touche de rappel de l’équipe technique.

Le géant tendit la main vers un carnet à souches posé entrouvert dans un angle du bureau.

— Jacques ? lieutenant Georges, je vous appelle pour avoir quelques informations supplémentaires sur notre double homicide. Si vous en avez, bien sûr.

— Pas grand-chose pour l’instant, mais deux ou trois détails me chiffonnent.

— Attendez une seconde, je mets le haut-parleur pour que Gendron entende aussi.

— OK… C’est fait ? Tout d’abord, on a retrouvé des cheveux de plusieurs origines sur les vêtements de la fille. Je n’envisage pas de test d’ADN pour l’instant. Les délais, le coût et le risque de partir sur la piste de voisins ou de gens croisés par hasard, me paraissent excessifs pour une affaire qui semble assez claire.

— Mon adjoint n’est pas de cet avis.

— Je sais, mais laissez-moi poursuivre. J’ai rappelé le légiste. Il confirme qu’il n’y a ni hématomes ni traces de chocs sur les phalanges du violeur. Or le visage de la fille montre qu’elle a reçu des coups très violents.

— Il a utilisé une pierre, un bout de bois ?

— Nous n’avons rien retrouvé avec des traces de peau ou de sang dans la zone. À part la pierre qui a tué l’agresseur, bien sûr.

— Conséquence, poursuivit-il devant le silence de ses interlocuteurs, nous ne sommes pas vraiment certains de la manière dont cette Nadia a été tuée.

Enfin conforté dans son idée, Gendron manifesta aussitôt son intérêt et son impatience :

— Il avait du sang sur les poings, non ?

— Pratiquement rien. Pas ce que l’on aurait dû y trouver, des traces qui peuvent provenir d’un simple contact avec une zone ensanglantée.

— Je vois, reprit gravement Georges. C’est…

— Rien ne permet de dire qu’il aurait été traîné et placé sur la victime ? coupa Gendron.

— À vrai dire, hésita le technicien, rien de vraiment évident, au moins sur les vêtements. Des stries, assez courtes et peu marquées…

— Mais ? Parce que votre remarque suppose un « mais », reprit Georges.

— Les bouts de ses chaussures ont frotté sur de l’herbe humide.

— On l’a traîné, grogna Gendron.

— Ou il s’est traîné. Sur une faible distance de toute façon. S’est-il déplacé en agonisant ? ça me semble peu probable, mais seul l’avis du légiste lèverait le doute.



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