La duchesse de Bourgogne by Martial Debriffe

La duchesse de Bourgogne by Martial Debriffe

Auteur:Martial Debriffe [Debriffe, Martial]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Biographie Historique
Publié: 2013-05-14T22:00:00+00:00


CHAPITRE V

La diablesse…

Arrêtée au bord du lit conjugal par la volonté de Louis XIV, Marie-Adélaïde, tout compte fait privée d’époux, va désormais remplir ses jours et ses nuits en s’abandonnant aux divertissements que le souverain s’ingéniait à lui offrir en toute occasion. Le roi n’ignorait pas que chaque plaisir nouveau arracherait la jeune duchesse et le duc aux désirs qu’ils pouvaient avoir l’un de l’autre, voire à leur passion. Il connaissait sans doute cette pensée de Pascal : « Sans divertissement, il n’y a point de tristesse ; et c’est aussi ce qui forme le bonheur des personnages de grande condition, qu’ils ont un nombre de personnes qui les divertisse, et qu’ils ont le pouvoir de se maintenir en cet état. » Mais Louis XIV n’avait pas prévu la métamorphose qui s’ensuivrait chez la jeune princesse au petit nez retroussé et aux longs cheveux soyeux.

Au printemps 1698, les plaisirs étaient encore innocents ; la princesse goûtait les promenades, en gondole sur le grand canal, accompagnées du son des violons et des hautbois qui soulignaient la magnificence du décor. Parfois, le duc de Bourgogne la rejoignait sous l’œil vigilant de la duchesse du Lude qui, pareille à une duègne, veillait sur leur vertu. Pour échapper à des tête-à-tête sans intérêt véritable, le duc et la duchesse s’adonnaient avec passion à la chasse à courre. Marie-Adélaïde portait avec prestance un élégant costume de velours rouge, garni de larges galons d’or, et de sa voiture, elle suivait jusqu’à l’hallali toutes les péripéties de la poursuite à laquelle participait son époux.

Il est évident que promenades en gondole ou chasse à courre ne pouvaient combler sa vivacité et son tempérament infatigable. Les bals, les mascarades durent remplir les soirées. La duchesse semblait comblée, si l’on en croit les lettres qu’elle tentait maladroitement d’écrire à sa mère : « On vous dit la vérité, ma chère maman, quand on vous assure de mon bonheur et je pourrai dire que j’ai trop de divertissement, car il m’ôte tout mon temps. On me fait voir tous les jours quelque chose de nouveau et de très beau. »

Cependant est-ce méconnaissance de la langue française ? Est-ce réaction de l’âme ? L’expression « j’ai trop de divertissement » est tout près de révéler chez Marie-Adélaïde l’embryon d’une prise de conscience d’une existence vide et frivole ; malheureusement, elle se laissera prendre au piège des beaux gestes du roi : « Il me donne tous les jours les marques de sa bonté, j’ai lieu d’espérer qu’elles augmenteront. Du moins, n’oublierai-je rien pour les mériter ». En effet, mariée, presque libérée des contraintes de l’éducation, elle fut bientôt elle-même divertissement, se donnant à tout moment en spectacle par des attitudes qui mettaient la Palatine dans tous ses états. « Le roi et madame de Maintenon gâtent absolument la duchesse de Bourgogne. En voiture, elle ne reste pas un instant en place, elle s’assied sur les genoux de toutes les personnes qui se trouvent dans le carrosse et elle voltige tout le temps comme un petit singe.



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